Grèce: Dans sa lutte contre l’austérité, Athènes cherche des alliés

 

Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé ce samedi 31 janvier dans un communiqué transmis par son bureau «du temps pour respirer». Il a assuré «ne pas chercher le conflit» avec les partenaires européens de la Grèce, notamment l’Allemagne avec laquelle le dialogue de sourds se poursuit, et internationaux. Comme il l’avait dit pendant sa campagne, il a promis de ne prendre aucune décision «unilatérale» concernant le sujet très épineux de la dette de son pays.

«Je suis absolument persuadé que nous allons bientôt trouver un accord favorable, à la fois pour la Grèce et pour l’Europe dans son entier», écrit-il dans un communiqué. Une déclaration clairement destinée à freiner l’emballement qui menaçait depuis que son gouvernement issu de la gauche radicale a pris ses fonctions mercredi.

Couper les ponts avec la «Troïka»?

Vendredi, le ministre des Finances Yanis Varoufakis avait en particulier indiqué qu’Athènes coupait les ponts avec la «Troïka», cette délégation d’experts du FMI, de la BCE (Banque centrale européenne)et de l’Union européenne qui valide le versement des aides à la Grèce en évaluant sa politique économique et budgétaire.

Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a qualifié l’attitude du gouvernement grec d’«irresponsable», dans une interview parue samedi. La chancelière Angela Merkel a répété qu’il n’était pas question de consentir à la Grèce un «effacement», même partiel, de sa dette.

Il s’agit pourtant d’une revendication prioritaire du nouveau gouvernement emmené par le parti de la gauche radicale Syriza. Il prendra pour ce faire conseil auprès de la société franco-américaine Lazard, dont le vice-président pour l’Europe Matthieu Pigasse a plaidé publiquement vendredi en faveur d’une remise de dettes grecques de pas moins de 100 milliards d’euros, sur un total de 315 milliards.

Lier la dette à la croissance

Le ministre grec de l’Economie a de son côté suggéré de lier le remboursement de la dette grecque au taux de croissance économique du pays. L’objectif est de trouver une solution «réaliste» au problème du poids de la dette, selon lui.

«Pour le moment, nous consacrons environ 5% de notre produit intérieur brut au paiement des intérêts de la dette. Ce serait mieux si nous lions le remboursement à la croissance: si la croissance est élevée, nous payons davantage, si elle est faible, nous payons moins», a expliqué Georgios Stathakis dans un entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Rencontre avec Michel Sapin

C’est pour défendre une restructuration de la dette, mais aussi un vaste programme de relance (réembauche de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, aide aux ménages pauvres) et la fin des privatisations, dont celle de l’emblématique port du Pirée, que MM. Tsipras et Varoufakis entament une tournée dans les capitales européennes.

Le ministre des Finances devait partir dès samedi pour Paris, précipitant ainsi un déplacement initialement prévu pour lundi. Il rencontrera dimanche à 17h00 son homologue Michel Sapin, qui a déjà dit son intention de jouer les «traits d’union» entre la Grèce et l’Allemagne, puis le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Il verra ensuite ses homologues britannique George Osborne à Londres lundi, et italien Pier-Carlo Padoan à Rome mardi.

M. Tsipras commencera, quant à lui, dimanche par Chypre. Il ira ensuite lui aussi à Rome mardi, et à Paris mercredi. Ce plan de vol illustre la volonté du gouvernement de M. Tsipras de compter ses soutiens. Parmi eux, le parti antilibéral espagnol Podemos, dont des dizaines de milliers de partisans ont manifesté samedi à Madrid.

Aucune halte prévue à Berlin

Pour l’instant, les ministres grecs n’ont pas prévu de se rendre à Berlin. Et le dialogue de sourds se poursuit donc par voie de presse.

Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a assuré dans un entretien avec «Die Welt» samedi : «Si j’étais un homme politique grec responsable, je ne mènerais pas de débats sur un allègement de la dette». Le magazine «Der Spiegel» affiche pour sa part en couverture une photo du premier ministre grec avec cette légende: «Le cauchemar de l’Europe».

(ats/Newsnet)