Australie: Vent de fronde contre le Premier ministre

 

La procédure, réclamée par des députés de sa majorité, a été enclenchée vendredi par Luke Simkins, élu du Parti libéral d’Abbott à la Chambre des représentants, la chambre basse du Parlement.

Dans un courrier adressé aux autres parlementaires de la majorité, et révélé par l’Australian Broadcasting Corporation, M. Simkins dit être «inondé de messages» de ses administrés qui le pressent de questions sur la direction suivie par le gouvernement. Il demande donc un vote sur le leadership d’Abbott.

«Le Premier ministre a indiqué que cette motion serait inscrite à l’ordre du jour de la réunion du Parti libéral mardi prochain», a répondu Philip Ruddock, chef du groupe libéral au Parlement, cité par le «Sydney Herald».

Pour aboutir au renvoi du Premier ministre, la motion devra obtenir les voix d’au moins 52 des 102 cadres fédéraux du Parti libéral appelés à voter à bulletins secrets. Si M. Abbott est mis en minorité, il sera le troisième Premier ministre australien à être limogé à la suite d’une fronde parlementaire depuis 2010, après les travaillistes Kevin Rudd et Julia Gillard.

Aucun de ses ministres ne s’est officiellement déclaré pour l’heure, mais les médias australiens estiment que le ministre des Communications Malcolm Turnbull et la ministre des Affaires étrangères Julie Bishop pourraient briguer sa succession.

Popularité en chute libre

Seize mois après son arrivée au pouvoir, Tony Abbott est confronté aux difficultés économiques liées à la chute des prix des matières premières.

Sa popularité, tombée à 27%, a aussi pâti de ses dérapages verbaux et de sa décision très controversée de remettre une distinction honorifique au prince Philip, l’époux de la reine Elizabeth II d’Angleterre, élevé au rang de chevalier de l’Ordre de l’Australie le jour de la fête nationale du pays.

Les républicains australiens y ont vu une insulte. Le leader travailliste Bill Shorten a jugé que «décerner un titre de chevalier à la famille royale anglaise était un saut dans le passé».

«L’affaire de ce titre de chevalier a été pour nombre de personnes la preuve ultime d’une déconnexion entre le gouvernement et le peuple», écrit Luke Simkins. La gifle infligée le week-end dernier par le Parti travailliste aux libéraux lors de l’élection régionale dans le Queensland n’a pas arrangé les affaires du Premier ministre.

(ats)