
Celui que la presse italienne avait surnommé le «capitaine couard» parce qu’il avait déserté la passerelle de son paquebot a été reconnu coupable d’homicides et du naufrage du navire par les juges du tribunal de Grosseto (Toscane). Son procès en première instance s’était ouvert en juillet 2013.
La cour a également décidé qu’il pourrait échapper à la prison et à la mise en résidence surveillée le temps que soient épuisées toutes les voies de recours. Son avocat a annoncé que M. Schettino ferait appel du jugement.
Le parquet, face à un «tsunami de preuves», selon un des procureurs, avait réclamé 26 ans de prison à son encontre. Ses avocats avaient quant à eux plaidé l’acquittement, jugeant que ce naufrage était un accident, une «fortune de mer» pouvant arriver à n’importe quel marin.
Le président du tribunal a lu la sentence en l’absence de l’accusé. Plus tôt dans la journée, Francesco Schettino, 54 ans, avait dénoncé la machination dont il estime avoir été victime dès les premières heures du drame.
«J’ai vécu trois ans dans un hachoir médiatique dont la violence, si elle n’est pas subie, est difficile à comprendre», a déclaré l’ancien commandant du paquebot naufragé peu avant de fondre en larmes et d’interrompre son ultime déclaration devant le tribunal.
Unique accusé à ce procès, l’ex-commandant du Concordia estime que sa «tête a été offerte» pour «préserver des intérêts économiques» et que les «médias, pas tous, sont tombés dans le piège» en donnant une «image de ma personne ne correspondant pas à la réalité».
«Idiot»
Le réquisitoire du parquet avait été particulièrement sévère à l’encontre de M. Schettino, qualifié d«’idiot» par l’un d’entre eux, Stefano Pizza. Une «offense» à l’égard d’un marin d’expérience qui a pris les décisions qu’il fallait, avait rétorqué en début de semaine Domenico Pepe, un des avocats de M. Schettino.
Me Pepe avait en particulier réfuté l’idée que l’ex-commandant ait ordonné trop tard l’évacuation du navire, assurant qu’il avait au contraire agi en marin d’expérience parce qu’il avait compris que le vent et les courants portaient le navire à la côte, où l’évacuation serait plus rapide et plus sûre.
«Schettino a eu 45 minutes pour décider de la vie de 4500 personnes» et sa décision a permis d’en sauver la très grande majorité, avait assuré Me Pepe. L’accusation estime pour sa part que l’ordre d’évacuer a été donné bien trop tard et que l’opération s’est ensuite faite dans l’improvisation.
Chute dans une chaloupe
Lors d’un interrogatoire serré début décembre, M. Schettino avait minimisé sa responsabilité, s’efforçant d’apparaître comme un commandant mal informé par son équipage. Celui-ci «faisait peine à voir du point de vue de son professionnalisme», a ainsi répété lundi son avocat, reprenant une des principales lignes de sa défense.
Mais c’est surtout sa décision de quitter le navire alors que des centaines de passagers s’y trouvaient encore qui a particulièrement choqué en Italie et au-delà. Lui a assuré avoir chuté dans une chaloupe sous l’effet de la gravité.
Indemnités
Costa Croisières a échappé à un procès au pénal en acceptant de verser un million d’euros à l’Etat italien l’an dernier et en promettant de verser des milliers d’euros aux rescapés.
Conjointement avec le croisiériste, Francesco Schettino devra en outre verser 30’000 euros à chaque passager, ainsi que des millions d’euros à différents ministères italiens, à la région de Toscane et à l’île du Giglio pour le préjudice environnemental provoqué par le naufrage.
Le Concordia, qui naviguait trop près de la côte de l’île de Giglio, a heurté un rocher dans la nuit du 14 janvier 2012. Son épave en partie immergée a ensuite été renflouée et transportée en juillet au port de Gênes pour y être démantelée.
(afp)