Crise ukrainienne: Les Russes posent des «conditions inacceptables»

 

Il n’y a «pas encore de bonnes nouvelles» concernant les négociations à Minsk, a annoncé à l’AFP le chef d’Etat ukrainien Petro Porochenko ajoutant que certaines «conditions inacceptables» sont posées par les Russes. Les négociations ont repris après quelques minutes d’interruption.

Le rouble a brusquement chuté jeudi après des déclarations pessimistes du président ukrainien Petro Porochenko à l’AFP sur l’évolution des négociations lors du sommet organisé à Minsk pour tenter de ramener la paix dans l’Est de l’Ukraine.

Alors qu’il baissait face à la monnaie russe au début des échanges de la Bourse de Moscou, le dollar a bondi à 67,50 roubles en réaction le pessimisme de Porochenko fait chuter le rouble
Le rouble a brusquement chuté jeudi après des déclarations pessimistes du président ukrainien Petro Porochenko à l’AFP sur l’évolution des négociations lors du sommet organisé à Minsk pour tenter de ramener la paix dans l’Est de l’Ukraine.

Alors qu’il baissait face à la monnaie russe au début des échanges de la Bourse de Moscou, le dollar a bondi à 67,50 roubles en réaction à ces propos, contre 65,25 roubles mercredi soir, et valait vers 07H40 GMT 66,49 roubles.

L’euro a grimpé jusque 76,41 roubles contre 73,95 roubles la veille avant de revenir vers 07H40 GMT à 75,30 roubles.à ces propos, contre 65,25 roubles mercredi soir, et valait vers 07H40 GMT 66,49 roubles.

L’euro a grimpé jusque 76,41 roubles contre 73,95 roubles la veille avant de revenir vers 07H40 GMT à 75,30 roubles.Les séparatistes refusent de signer et réclament Debaltseve

Les représentants des séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine arrivés jeudi à Minsk ont refusé de signer l’accord qui semblait se dessiner après une nuit de discussions entre les président ukrainien, russe, français et la chancelière allemande, rapportent des délégués.

Ils réclament le retrait des forces ukrainiennes présentes à Debaltseve, ville stratégique de l’Est située entre Lougansk et Donetsk où des violents combats font rage, ont-ils précisé.

«Malheureusement, il n’y a pas encore de bonnes nouvelles. Pour l’instant, il n’y a aucune nouvelle. L’espoir existe toujours», a-t-il expliqué à l’AFP, pendant une pause des négociations, qui ont repris après quelques minutes d’interruption.

«Angela Merkel et le président François Hollande nous aident beaucoup», a salué M. Porochenko, estimant que «la situation est très difficile», alors que les quatre dirigeants ont passé une nuit blanche à négocier pied à pied le document qui vise à mettre fin à dix mois de guerre qui ont fait plus de 5’300 morts dans cette ex-république soviétique.

Selon une source diplomatique, un «espoir» existe concernant la signature sous peu d’un accord par le Groupe de contact, constitué de représentants russes, ukrainiens et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui négocie avec les séparatistes prorusses, réuni en parallèle à Minsk.

Cet accord porterait «sur la mise en oeuvre concrète de l’accord de Minsk du 5 septembre», a précisé la source. Resté pour l’essentiel lettre morte, le «protocole» de cessez-le-feu signé le 5 septembre à Minsk, développé par un mémorandum du 19 septembre, est jusqu’à présent le seul accord signé par toutes les parties pour tenter de régler le conflit.

«Tous bâillent»

De leur côté, presque quatorze heures après le début des négociations Vladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande, Angela Merkel, tantôt entourés par leurs conseillers, tantôt seuls, continuaient de discuter pied à pied le document qui vise à mettre fin à dix mois de guerre qui ont fait plus de 5300 morts dans cette ex-république soviétique. «Tous bâillent, mais continuent de discuter», a déclaré à l’AFP une source qui assiste aux pourparlers. «Nous ne pouvons pas nous en aller sans un accord sur un cessez-le-feu inconditionnel», a de son côté souligné sur sa page Facebook Valeri Tchaly, un conseiller du président ukrainien.

Les négociations ont commencé mercredi soir dans un climat tendu. M. Hollande et Mme Merkel faisaient certes bonne figure devant les caméras, mais le visage renfrogné du président ukrainien et l’attitude en retrait de Vladimir Poutine accusé d’armer les rebelles et d’avoir déployé son armé dans l’Est de l’Ukraine le confirmaient : les négociations sont difficiles. Illustration, une journaliste de l’AFP a pu apercevoir à travers une porte entrouverte les présidents russe et ukrainien discutant debout et face à face de manière très animée.

M. Poutine et M. Porochenko au visage déjà fermé avaient échangé une très brève poignée de mains, entourés de Mme Merkel et de M. Hollande peu après le début du sommet. Les quatre dirigeants tentent de s’accorder sur un plan de paix, tandis que les combats et les bombardements n’en finissent pas de faucher des vies, une cinquantaine pour les seules journées de mardi et de mercredi. S’il n’a pas été rendu public, le texte qui sert de base aux pourparlers a pour objectif de régler des questions épineuses: rétablir le contrôle de Kiev sur la frontière ukraino-russe dans les régions aux mains des rebelles, définir la ligne de front afin d’entamer un retrait des armes lourdes ou encore déterminer le «statut des territoires» conquis par les séparatistes.

Combats intensifiés

Avant le début du sommet, le chef de l’Etat français s’était entretenu avec la chancelière allemande à bord de son avion, sur l’aéroport de Minsk, puis tous deux ont eu une entrevue avec leur homologue ukrainien pour affiner leur stratégie. Dans l’après-midi, M. Porochenko avait prévenu l’homme fort de la Russie que les Européens et lui-même parleraient «d’une seule voix». Il a également averti que si le sommet de Minsk ne conduisait pas à une désescalade, «ce serait un désordre absolu».
La rencontre au Bélarus a été organisée au terme d’une semaine d’intenses consultations diplomatiques dont les dirigeants français et allemand, qui s’étaient rendus vendredi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, ont pris l’initiative.

Avant le sommet, les soldats ukrainiens et rebelles intensifiaient leurs combats sur le terrain pour arriver en position de force à la table des négociations. Selon l’Elysée, le président français et la chancelière allemande comptaient «tout essayer» pour trouver une issue diplomatique à une crise qui a généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l’URSS en 1991. De Washington, le président américain Barack Obama avait fait monter les enchères en appelant dans la nuit Vladimir Poutine pour lui dire que s’il poursuivait sa stratégie «agressive» en Ukraine, la Russie verrait le «prix à payer» augmenter.

Alors que les discussions étaient déjà en cours à Minsk, un passant a été tué lorsqu’un hôpital du centre de Donetsk a été touché par un obus, selon les rebelles. Dans les heures précédant le début des négociations, une cinquantaine de personnes avaient péri dans des combats et bombardements. L’armée ukrainienne avait ainsi perdu au moins 19 soldats mardi et mercredi, dont cinq dans des tirs de roquettes multiples Smertch soir sur Kramatorsk, ville qui abrite le principal état-major militaire ukrainien dans l’est.

(ats)