
Ce dessin paru dimanche passé est «abject» et son auteur «devrait avoir honte», a commenté Martin Jäger, porte-parole du ministre allemand des Finances M. Schäuble. Il s’est exprimé lors d’une conférence de presse régulière du gouvernement, interrogé sur le sujet.
«Il y a le principe de la liberté d’expression et j’y recours à titre personnel» en exprimant cette opinion, a déclaré M. Jäger. La caricature représente M. Schäuble en uniforme de la Wehrmacht, l’armée allemande jusqu’à 1945, et s’intitule «les négociations ont commencé» en allusion aux discussions sur la dette de la Grèce et les réformes économiques à mener dans ce pays.
Des cadavres pour fabriquer des savons
Contacté par l’AFP, l’auteur du dessin, Tassos Anastassiou n’a pas souhaité s’exprimer. Dans le numéro de mercredi du journal, cependant, il a répondu à une plainte de la communauté juive de Grèce au sujet du dessin, mais sans exprimer de regret sur ce que celui-ci disait de M. Schäuble, au contraire.
«Ni insultant ni irrespectueux» pour les victimes de l’Holocauste
Le dessin ne se voulait «ni insultant ni irrespectueux» pour les victimes de l’Holocauste, a écrit M. Anastassiou: «il n’était pas fait pour faire rire».
«Il renfermait une immense douleur et beaucoup de colère, et visait au contraire à rappeler que l’idée selon laquelle les Untermenschen (sous-hommes) doivent être traités avec brutalité par la race ‘aryenne’ n’appartient malheureusement pas au passé de l’Europe».
M. Schäuble, seul membre du gouvernement d’Angela Merkel né pendant la guerre (en 1942), est l’un des politiques allemands les plus résolument proeuropéens. Il défend ardemment le projet européen au nom de la paix retrouvée sur le continent. Il y a quelques jours le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a d’ailleurs salué ses capacités intellectuelles.
Antagonismes forts
Avgi, journal proche du parti de la gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras arrivé au pouvoir en Grèce fin janvier, s’est fait une spécialité de représenter M. Schäuble en soldat allemand. L’édition de vendredi comporte également une caricature dans cette veine. Le journal est vendu à environ 1800 exemplaires par jour.
Les antagonismes sont très forts en ce moment entre la Grèce -qui veut en finir avec la rigueur- et l’Allemagne qui plaide en faveur du respect des engagements pris avant l’arrivée au pouvoir de Syriza. Le nouveau gouvernement grec réclame en outre à Berlin des réparations de guerre.
Des Unes désobligeantes
Dans le sud de l’Europe, où l’Allemagne est vue comme le fer de lance de politiques d’austérité synonymes de souffrance sociale, il n’est pas rare que les dirigeants allemands soient assimilés aux nazis dans des caricatures ou sur des bannières pendant les manifestations.
Le ton n’a pas été tendre non plus dans la presse allemande ces dernières années à l’égard de la Grèce. Le quotidien populaire Bild s’est notamment illustré par des Unes parfois très désobligeantes.
(ats)