France: «Pour DSK, l’omerta a tout à fait fonctionné»

 

Des convictions mais pas d’éléments tangibles contre Dominique Strauss-Kahn: à la veille des réquisitions du parquet, deux avocats de parties civiles ont annoncé lundi à regret qu’ils renonçaient à obtenir réparation de l’ex-patron du FMI poursuivi pour proxénétisme aggravé. «Equipes d’action contre le proxénétisme retire sa constitution de partie civile à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn», a déclaré Me David Lepidi, avocat de l’association, lors de l’audience consacrée aux plaidoiries des parties civiles dans le procès dit du Carlton.

«Pour M. Strauss-Kahn, l’omerta a parfaitement fonctionné», a-t-il noté avec ironie, alors que DSK en costume noir, chemise sombre, restait impassible. Son confrère, Gilles Maton, qui représente quatre ex-prostituées, dont Jade et Mounia, a confirmé également après la fin de l’audience qu’il abandonnait sa constitution de partie civile à l’égard de DSK. «Nous avons la conviction que M. Strauss-Kahn avait la pleine et entière connaissance de l’état de prostituée (de ses clients ndlr). Mais cette conviction ne suffit certainement pas à constituer l’infraction», a-t-il expliqué.

«C’est le procès de notre société»

 Me Maton a évoqué sa première impression à l’arrivée de DSK dans l’antre de la salle d’audience. Se référant aux dessins érotiques de Picasso centrés sur l’animal mythologique, il dit avoir vu alors «le minotaure, la puissance à l’état brut”. Plus tôt dans la journée ouvrant la troisième et dernière semaine du procès, Me Emmanuel Daoud, qui défend le Mouvement du Nid, association en lutte contre les causes et conséquences de la prostitution, s’est félicité d’avoir gagné son pari «que ce procès serait une oeuvre de salubrité publique».

Il en veut pour preuve que le Sénat a décidé la semaine passée d’étudier la proposition de loi pénalisant les clients de prostituées les 30 et 31 mars. La médiatisation du procès à cause de la présence de l’ancien leader socialiste y a beaucoup contribué, a-t-il convenu, sans annoncer pour sa part l’abandon des actions de son association contre DSK. «Ce n’est pas seulement le procès de ces quatorze prévenus qui s’est tenu, pas seulement celui du proxénétisme, de la prostitution, c’est aussi le procès de notre société», estimait Me Daoud à l’entame de sa plaidoirie.

(ats/afp)