
Cette ville était tombée début janvier aux mains des islamistes, qui y avaient mené une attaque jugée la plus meurtrière depuis six ans.
«Les troupes ont récupéré Baga ce (samedi) après-midi après une bataille féroce avec les terroristes. Lourdes pertes. Ratissage en cours. Détails ultérieurement», a écrit l’armée sur son compte Twitter, @defenceinfoNG. Cette déclaration n’avait pu être immédiatement confirmée de source indépendante.
«Nous avons sécurisé Baga. Nous en avons désormais le contrôle total. Il n’y a plus que des opérations de nettoyage à faire», a déclaré par téléphone le lieutenant-général Chris Olukolade, porte-parole de l’armée.
Il a ensuite précisé dans un communiqué qu’«un grand nombre de terroristes se sont noyés dans le lac Tchad» en tentant de fuir les bombardements aériens. L’assaut aurait débuté dès vendredi.
Cette déclaration intervient moins d’une semaine après l’annonce par le Nigeria de la reprise de Monguno (60 kilomètres de Baga), ville-garnison qui était contrôlée depuis le 25 janvier par Boko Haram.
Massacres
Les islamistes se sont emparés le 3 janvier de Baga, grand carrefour commercial, et d’une douzaine de villages alentour. Dans les jours qui ont suivi, des centaines de civils, voire plus, ont été massacrés, des maisons incendiées et plusieurs centaines de femmes et d’enfants enlevés. Des milliers d’habitants ont fui leurs maisons, la plupart pour se réfugier au Cameroun voisin.
Située au milieu des bastions de Boko Haram, qui contrôle plusieurs localités du nord-est du Nigeria, Baga est une ville stratégique qui abritait la base opérationnelle de la force des pays de la région contre le groupe islamiste.
Selon Amnesty International, l’attaque de Baga est «la plus grande et la plus destructrice» jamais perpétrée par Boko Haram.
Attaque au Niger
Le sud-est nigérien enregistre lui aussi depuis deux semaines des assauts du groupe, qui s’en est pris vendredi à Karouga, un village proche du lac Tchad, affrontant des militaires nigériens. Sept soldats et 14 assaillants ont alors été tués, a annoncé samedi l’armée nigérienne.
De même source, les hommes de Boko Haram ont ensuite voulu entrer en territoire tchadien par le lac Tchad, mais l’aviation tchadienne est intervenue, détruisant leurs cinq pirogues.
«Le Tchad fait le maximum pour assurer la stabilité dans une région qui malheureusement est instable», a reconnu à N’Djamena le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Il effectuait une tournée de deux jours au Tchad, au Cameroun et au Niger pour leur affirmer «la solidarité» de Paris dans cette guerre.
Résolution à l’ONU
Les pays du bassin du lac Tchad sont d’ailleurs «sur le point de déposer un projet de résolution» devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour rendre leur force opérationnelle. «C’est prévu fin février», a affirmé à Yaoundé le ministre camerounais des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo.
Le Nigeria, le Tchad, le Niger, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février dernier qu’ils allaient mobiliser 8700 hommes dans une force multinationale de lutte contre Boko Haram. Plusieurs milliers de leurs soldats, à l’exception du Bénin, sont déjà déployés sur le terrain, de part et d’autre du lac Tchad.
(ats/afp)