
Dans l’Est séparatiste de l’Ukraine, 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles retenus prisonniers ont été échangés samedi, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. C’est une nouvelle étape dans l’application des accords de Minsk 2.
«On doit procéder à la libération de tous les prisonniers, mais il y a beaucoup de difficultés liées aux questions de sécurité (…) et juridiques. Tous ceux qui ont été libérés ont reçu une amnistie», a déclaré le médiateur de Kiev dans ces négociations, l’homme politique ukrainien Viktor Medvetchouk.
«Merci pour tout. Cela a été un plaisir de travailler avec vous», a-t-il ensuite déclaré à l’intention de la représentante de la République séparatiste de Donetsk pour les Droits de l’homme, Daria Morozova, avant de lui faire la bise.
Prisonniers blessés
Avant d’être échangés, les 139 soldats ukrainiens ont longtemps marché dans la campagne environnant Jolobok, un village situé 40 kilomètres au nord-ouest du fief séparatiste de Lougansk. Certains prisonniers ukrainiens étaient blessés et se déplaçaient difficilement, parfois avec l’aide de béquilles.
Les séparatistes ont précisé que plusieurs prisonniers avaient été capturés à Debaltseve, ville stratégique de l’Est quasiment encerclée depuis plusieurs semaines et abandonnée dans la précipitation par l’armée ukrainienne mercredi au prix de lourdes pertes.
En un mois, 179 soldats ukrainiens y ont été tués et 81 sont toujours portés disparus, a annoncé samedi Iouri Birioukov, un conseiller du président ukrainien Petro Porochenko.
Malgré la signature des accords de Minsk 2 qui prévoyaient l’instauration d’un cessez-le-feu à partir de dimanche dernier, les rebelles avaient continué leur offensive autour de Debaltseve. La prise leur permet de relier les deux «capitales» séparatistes de Donetsk et Lougansk.
La poursuite de ces combats a provoqué la colère de Washington, qui a accusé les rebelles d’avoir «bafoué (…) plus de 250 fois» la trêve.
«Sanctions supplémentaires»
Samedi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui rencontrait à Londres son homologue britannique Philip Hammond, a déclaré que le Royaume-Uni et les Etats-Unis envisageaient «des sanctions supplémentaires» à l’encontre de la Russie, dont le comportement en Ukraine est selon lui «extrêmement lâche».
«Des sanctions très graves peuvent être prises, qui auraient un impact très négatif sur l’économie russe», a dit lors d’un point presse M. Kerry.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a de son côté déclaré à la radio Echo de Moscou, selon des propos rapportés par l’agence Tass, que la Russie privilégiait le soutien à l’accord de Minsk.
L’armée ukrainienne a aussi évoqué samedi la possibilité d’une offensive des rebelles contre le port stratégique de Marioupol, ce qui signerait probablement l’arrêt de mort de la trêve négociée à Minsk. Elle avait déjà accusé vendredi la Russie d’avoir envoyé des renforts de chars et de troupes dans l’est de l’Ukraine, à proximité de la ville de Novoazovsk, non loin de Marioupol.
Maïdan, un an
Kiev célébrait par ailleurs ce week-end le premier anniversaire de Maïdan, la révolution proeuropéenne ayant mené au départ du chef d’Etat prorusse Viktor Ianoukovitch. «Cette révolution a été la première, mais surtout la victorieuse bataille pour notre indépendance», a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko devant la foule rassemblée sur la place de l’Indépendance, coeur de cette révolution.
A Moscou, une manifestation «anti-Maïdan» a rassemblé 35’000 personnes samedi, selon la police moscovite. Ils ont aussi manifesté pour soutenir le président Vladimir Poutine et contre toute velléité de soulèvement en Russie.
Viktor Ianoukovitch, aujourd’hui réfugié en Russie, est lui réapparu et a promis de «revenir» pour «soulager la vie en Ukraine», dans une interview diffusée samedi à la télévision russe.
(ats)