
«L’intégration du Charles de Gaulle dans l’opération (française) Chammal (en Irak) débute ce matin», a déclaré un membre de l’entourage du ministre Jean-Yves Le Drian. La France franchit ainsi une étape supplémentaire dans sa campagne militaire contre les djihadistes engagée le 19 septembre dernier.
Les premiers avions de chasse Rafale ont décollé du porte-avions en direction de l’Irak en début de matinée. Ils devaient rejoindre leurs objectifs en une heure et demie de vol environ, soit deux fois moins que depuis la base d’Al-Dhafra, aux Emirats arabes unis, qui est utilisée par l’armée de l’air française.
Le Charles de Gaulle, parti le 13 janvier de Toulon (sud de la France) pour une mission d’environ cinq mois, sera engagé pendant plusieurs semaines dans le Golfe, au côté du porte-avions USS Carl Vinson, dans le cadre de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, a-t-on indiqué de source militaire française. Le porte-avions poursuivra ensuite sa route vers l’Inde.
Le navire embarque 21 avions de chasse: douze Rafale et neuf Super Etendard modernisés. Le dispositif français dans la région s’appuyait jusqu’ici sur neuf Rafale aux Emirats et six Mirage 2000D en Jordanie.
Depuis la mi-septembre 2014, les avions de chasse français ont effectué une centaine de missions de reconnaissance et autant de missions de frappes en Irak. Ils épaulent les forces irakiennes et les peshmergas kurdes qui combattent l’EI sur le terrain.
Coalition internationale
La France est ainsi, avec l’Australie, un des principaux contributeurs militaires de la coalition de 32 pays partenaires en lutte contre l’EI. Elle est loin toutefois derrière les Etats-Unis qui réalisent le gros des opérations.
La coalition a mené depuis août 2014 plus de 2000 frappes en Irak et en Syrie. Les chasseurs français interviennent côté irakien uniquement, Paris estimant qu’un engagement en Syrie pourrait renforcer le régime de Bachar al-Assad face aux rebelles et aux islamistes.
Missions de conseil
La campagne de bombardements vise à ralentir la progression de l’EI en détruisant dépôts de munitions, véhicules et puits de pétrole. Parallèlement, les pays de la coalition, qui excluent l’envoi de combattants au sol, ont engagé des missions de conseil et d’entraînement auprès de l’armée irakienne.
L’état-major américain espère ainsi que les forces irakiennes seront en mesure de lancer une offensive terrestre sur la ville stratégique de Mossoul (nord) en avril-mai, avant le ramadan et les grandes chaleurs de l’été.
Pour les épauler, les Etats-Unis ont déployé 1830 conseillers sur le terrain. La France a dépêché de son côté une cinquantaine de conseillers, notamment auprès de l’état-major à Bagdad, auxquels s’ajoutent quelques dizaines d’hommes des forces spéciales.
Sous-marin nucléaire
Le Charles de Gaulle est accompagné d’un sous-marin nucléaire d’attaque, de deux frégates, ainsi que d’un pétrolier ravitailleur. Cela représente quelque 2700 marins embarqués, dont 2000 pour le seul porte-avions.
Au total, quelque 3500 soldats français sont engagés dans l’opéraion Chammal. S’y ajoutent quelques 10’000 militaires mobilisés en France depuis les attentats de janvier à Pars contre l’hebdomadaire satirique «Charlie Hebdo» et un supermarché casher pour protéger des lieux publics et sites sensibles, notamment juifs.
(ats)