Pakistan: L’égérie afghane visée par les autorités

 

La célèbre «jeune Afghane» aux yeux verts immortalisée dans les années 80 par le National Geographic est revenue sur le devant de la scène cette semaine au Pakistan voisin, accusée par les autorités d’avoir obtenu frauduleusement des papiers d’identité.

L’image est saisissante: les mêmes yeux verts, clairs, purs, hypnotiques, le même tracé des lèvres, sur un visage qui a changé, vieilli et désormais ceint d’un voile noir ne laissant s’échapper qu’une mèche de cheveux.

Selon plusieurs responsables pakistanais sous couvert d’anonymat, c’est bien Sharbat Gula, icône du célèbre portrait, qui figure sur une photo apposée en avril dernier sur un formulaire de demande de carte d’identité au Pakistan, pays voisin de l’Afghanistan.

 Le prénom, la photo, la date de naissance, les enfants, le nom du mari, tout colle, sauf le lieu de naissance. Le formulaire mentionne Peshawar, carrefour du nord-ouest du Pakistan, où vivent au moins 1,6 million de réfugiés afghans déclarés qu’Islamabad pousse aujourd’hui à rentrer dans leur pays.

Faux tampon

La «jeune Afghane», qui irradia la Une du National Geographic de juin 1985, puis y figura à nouveau en 2002 lorsqu’elle fut retrouvée par le même photographe, l’Américain Steve McCurry, ferait selon plusieurs responsables pakistanais partie d’un groupe de réfugiés afghans ayant réussi à obtenir frauduleusement une carte d’identité pakistanaise.

Au mois d’août, les autorités ont invalidé sa carte, mais les enquêteurs cherchent toujours à savoir comment Sharbat Gula, aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années, avait réussi à obtenir ses documents, explique Faik Ali Chachar, porte-parole de l’Autorité pakistanaise des papiers d’identités (Nadra).

«Nous avons détecté le cas de Sharbat Bibi (le nom figurant sur sa demande de papiers pakistanais, ndlr) en août et l’avons transmis le même mois à l’Autorité fédérale des enquêtes (FIA)», a-t-il ajouté. «Il y avait de nombreuses erreurs dans son dossier et le tampon était un faux», a ajouté un autre responsable de Nadra requérant l’anonymat.

Défiance des autorités

Sur le formulaire de demande d’obtention de carte d’identité pakistanaise, la femme a dit être née en 1969 et vivre dans le quartier populaire de Nauthia Qadeem, à Peshawar.

Des habitants de ce quartier ont affirmé mercredi à l’AFP que le mari de Sharbat y travaillait comme boulanger, mais que toute la famille, dont les papiers d’identité pakistanais ont été invalidés, a plié bagages il y a environ un mois. On n’a plus de nouvelle depuis du visage le plus connu d’Afghanistan.

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 30’000 Afghans vivant sans papiers au Pakistan sont rentrés dans leur pays depuis le début de l’année, dans un contexte de montée de défiance des autorités locales contre cette communauté depuis l’attentat taliban contre une école de Peshawar qui a fait plus de 150 morts en décembre.

(afp)