
Le texte visant à protéger les valeurs de la famille faisait des relations extra-conjugales un délit passible de prison depuis plus de 60 ans. «La perception des droits individuels en matière de vie sexuelle a changé», a expliqué le président de la Cour Park Han-Chul. «Même si l’adultère doit être condamné comme étant immoral, la puissance publique ne doit pas intervenir dans la vie privée des individus», a-t-il ajouté.
C’est la cinquième fois que cette instance était appelée à examiner la légalité de ce texte qui faisait de la Corée du Sud l’un des rares pays non musulmans de la planète à considérer l’infidélité comme un acte criminel.
Recul des inculpations
Au cours des six dernières années, près de 5500 personnes ont été poursuivies pour délit d’adultère, dont près de 900 en 2014. Mais le nombre des inculpations était en déclin et les peines de prison de plus en plus rares.
En 2004, 216 personnes ont été emprisonnées pour adultère et 42 en 2008. Depuis cette date, seules 22 personnes se sont retrouvées derrière les barreaux, selon le parquet.
Ces chiffres reflètent les changements survenus dans la société sud-coréenne, où la modernisation ultra-rapide s’est souvent retrouvée en contradiction avec les traditions conservatrices.
Droits des femmes
La question faisait régulièrement débat, souvent à la faveur de liaisons de personnes en vue. En 2008, Ok So-Ri, l’une des actrices sud-coréennes les plus connues, avait été condamnée à huit mois de prison avec sursis pour avoir entretenu une liaison extra-conjugale.
A l’origine, la loi était destinée à protéger les droits des femmes à une époque où le mariage ne leur en fournissait guère. Les femmes n’avaient souvent aucun revenu tandis que le fait de divorcer était extrêmement mal vu.
Même les associations conservatrices ont reconnu que les temps ont changé. «L’adultère doit être censuré moralement et socialement mais une telle loi est inappropriée dans une société moderne», a commenté Ko Seon-Ju, membre d’une association familiale. «L’adultère est un problème qui doit être réglé par le dialogue entre conjoints, pas par la loi».
En attendant, l’action d’Unidus Corp, l’un des plus grands fabricants mondiaux de préservatifs, a grimpé de 15% à la Bourse de Séoul.
(ats)