
Il y voit une «faute morale» au regard de la responsabilité du régime dans le conflit qui ravage le pays depuis quatre ans.
Hollande contrarié
Le président François Hollande a «condamné» le déplacement en Syrie des quatre parlementaires français, dénonçant notamment leur rencontre avec «un dictateur», Bachar al-Assad.
«Cette initiative, je la condamne. Je la condamne parce qu’il s’agit d’une rencontre entre des parlementaires français qui n’ont été mandatés que par eux-mêmes avec un dictateur qui est à l’origine d’une des plus graves guerres civiles de ces dernières années, qui a fait 200’000 morts. 200’000 !» a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse à Manille (Philippines).
Les élus «ne sont pas allés rencontrer n’importe qui, ils sont allés rencontrer Bachar al Assad, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, il ne s’agit pas seulement d’un dialogue, il s’agit là d’un geste qui ne les honore pas», a déclaré le premier ministre français sur BFM TV et RMC.
«Que des parlementaires aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher», «je crois que c’est une faute morale. Les parlementaires représentent la souveraineté nationale», a-t-il ajouté, estimant qu’il revenait aux élus d’en tirer les conséquences.
Ce déplacement constitue une ligne de fracture avec la position officielle de la diplomatie française qui a rompu tout contact avec le régime syrien en 2012. Mi-février, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius déclarait: «L’idée qu’on pourrait trouver la paix en Syrie en faisant confiance à Bachar al-Assad et en pensant qu’il est l’avenir de son pays est une idée que je crois fausse».
La délégation était composée du député PS Gérard Bapt et du sénateur UMP Jean-Pierre Vial, présidents des groupes d’amitié France-Syrie dans les deux chambres du parlement, du député UMP Jacques Myard et du sénateur UDI François Zocchetto. Gérard Bapt n’a pas participé à la rencontre avec Bachar al Assad.
Discuter «avec le diable»
Le député PS va tout de même être convoqué par le Parti socialiste et sera sanctionné. «Je le déférerai devant la haute autorité du Parti socialiste et celle-ci dira s’il a enfreint les statuts du parti», a indiqué jeudi le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis sur RTL.
«Ce voyage correspond à ce que de très nombreux députés et sénateurs pensent sur la nécessité d’adapter notre politique au Proche et au Moyen-Orient», a pour sa part commenté jeudi Jacques Myard sur Sud Radio. La veille, il avait déclaré sur France 3: «j’adore discuter avec le diable… parce qu’il est intelligent le diable».
(ats/afp)