Moyen-Orient: Israël-OLP, coopération sécuritaire suspendue

 

Un organe-clé de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a décidé jeudi soir de rompre la coopération sécuritaire avec Israël, une mesure potentiellement explosive pour l’avenir de l’Autorité palestinienne, étranglée financièrement par Israël.

Les Israéliens pourront consommer la semaine prochaine des fruits et des légumes directement importés de la bande de Gaza pour la première fois depuis 2007, a annoncé jeudi un organe du ministère israélien de la Défense. Des tomates et des aubergines venues de Gaza seront les premières à se retrouver sur les étals israéliens dans quelques jours, a indiqué le Cogat, organe du ministère de la Défense chargé de coordonner les activités israéliennes dans les territoires palestiniens. Cela n’était pas arrivé depuis 2007 et la prise du pouvoir par le Hamas islamiste dans le territoire palestinien enclavé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée. D’autres fruits et légumes gazaouis seront proposés plus tard en Israël, a dit le Cogat.

Mais, interrogé par l’AFP, Raëd Fattouh, le chef du comité de liaison de l’Autorité palestinienne avec les Israéliens, a affirmé n’avoir «reçu jusqu’ici aucune notification d’une telle décision de la part des Israéliens».

Ces décisions du Conseil central de l’OLP doivent à présent être mises en application par le Comité exécutif de l’Organisation, affirme un communiqué de la centrale palestinienne, sans toutefois donner de calendrier.

Le Conseil central de l’OLP, a dans un communiqué, décidé «l’arrêt de la coopération sécuritaire sous toutes ses formes avec la puissance occupante».

 En outre, il «appelle la puissance occupante à prendre toutes ses responsabilités envers le peuple palestinien dans l’Etat de Palestine occupé, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza», une décision dont les conséquences équivaudraient à une dissolution de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas créée en 1994 dans le sillage des accords d’Oslo sur l’autonomie.

Campagne électorale en Israël

Ces décisions interviennent sur fond de campagne électorale en Israël en vue des législatives prévues le 17 mars et pour lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu est favori à sa succession.

Elles ont été prises à l’issue d’une réunion de deux jours du CCOLP à Ramallah, siège de l’Autorité en Cisjordanie occupée.

Le CCOLP a affirmé répondre ainsi à la poursuite de la colonisation des Territoires occupés et du refus d’Israël de transférer à l’Autorité les taxes qu’il collecte en son nom depuis janvier, soit près d’un demi-milliard de dollars.

«Revoir les prérogatives»

A l’ouverture de la réunion du CCOLP mercredi, M. Abbas avait affirmé qu’il fallait «revoir les prérogatives» de l’Autorité, entité intérimaire qui tient lieu d’Etat dans l’attente d’une solution au conflit israélo-palestinien, mais des voix au sein de l’OLP ont mis en garde contre une «arme à double tranchant». Car un effondrement l’Autorité, soumettrait de fait 4,6 millions de Palestiniens et toutes leurs villes et villages à l’occupation israélienne. Dissoudre l’Autorité, a déjà prévenu Washington, mènerait droit à la crise.

Israël retient près d’un demi-milliard d’euros dû à l’Autorité depuis qu’elle a demandé en janvier l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) pour y présenter, dès le 1er avril, ses premières accusations contre les dirigeants israéliens.

Incapable de payer les salaires de ses 180’000 fonctionnaires, l’Autorité vient en plus d’être condamnée, avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à payer plus de 650 millions de dollars de dommages à des victimes américaines d’attentats anti-israéliens.

(ats/afp)