Mali: Les deux Suisses seront rapatriés dès que possible

 

Deux Européens et trois Maliens ont été tués tôt samedi dans l’attaque contre un restaurant de Bamako. Deux militaires suisses ont également été blessés dans cet attentat, le plus meurtrier dans la capitale malienne depuis le lancement de l’opération Serval en janvier 2013.

Selon la police malienne, au moins un homme armé est entré peu après minuit dans le bar-restaurant La Terrasse, un établissement apprécié des expatriés, et a ouvert le feu. Il est ensuite monté à bord d’un véhicule dans lequel un complice l’attendait, a raconté un officier de police présent sur place.

Ils ont continué à tirer alors qu’ils fuyaient et ont jeté une grenade contre un véhicule de la police, a-t-il ajouté. Au total, deux étrangers – un Français et un Belge travaillant comme officier de sécurité de la délégation de l’Union européenne à Bamako – et trois Maliens ont été tués dans cette opération.

La police a bouclé la rue du restaurant en raison de la présence de grenades qui n’ont pas explosé.

Les autorités ont arrêté deux suspects, dont ni l’identité ni la nationalité n’ont été précisées, selon des sources policières maliennes. Ils «sont en train d’être interrogés», a affirmé une de ces sources, ajoutant qu’ils avaient commencé à fournir aux enquêteurs des informations «intéressantes».

Deux militaires suisses blessés

Une dizaine de personnes ont également été blessées. Parmi elles figurent deux militaires suisses – un romand et un alémanique. Ces deux experts en munitions sont actuellement dans un état «stable mais critique», selon le Centre de compétences de l’Armée suisse pour les missions à l’étranger (SWISSINT).

L’armée est en contact avec la Rega pour les rapatrier en Suisse dès que leur état sera «suffisamment» stable, a précisé à l’ats une porte-parole de SWISSINT. Un troisième militaire suisse se trouvait dans le restaurant au moment de l’attaque. Il n’a pas été blessé et restera au Mali.

Une source policière malienne citée par l’AFP a par ailleurs rapporté qu’une Suissesse a été «très grièvement touchée» dans l’attaque. Cette information n’a toutefois pas pu être confirmée dans l’immédiat. Selon SWISSINT, les Suisses n’étaient pas la cible directe de l’attaque.

Condamnations

La Suisse a «condamné fermement» cet attentat. Le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi a dénoncé une «attaque odieuse et lâche», précisant que parmi les blessés se trouvaient «deux experts internationaux travaillant avec le Service des Nations unies de lutte contre les mines (UNMAS) de la Minusma».

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a condamné «cette terreur lâche, ignoble». «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour aider les autorités maliennes à ramener le calme. C’est désastreux de voir que dans très nombreux endroits du monde cette terreur continue de frapper lâchement», a-t-il ajouté.

«Ce crime renforce notre détermination à lutter contre le terrorisme, sous toutes ses formes», a renchéri son homologue français Laurent Fabius. Le président François Hollande, qui a condamné «avec la plus grande force le lâche attentat perpétré cette nuit», va «offrir l’aide de la France» au président malien Ibrahim Boubakar Keïta, selon un communiqué de l’Elysée.

Présent à Paris, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a lui aussi fustigé une attaque «horrible et lâche».

Baisse d’intensité

Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par l’opération Serval, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération Barkhane, dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.

Des zones entières du nord du pays échappent encore au contrôle du pouvoir central, mais les attaques djihadistes, qui s’étaient multipliées depuis l’été, notamment contre la Minusma, ont diminué d’intensité.

L’attentat se produit au moment où la rébellion à dominante touareg est sous forte pression internationale pour parapher d’ici la fin du mois un accord pour la paix, comme l’a déjà fait le gouvernement malien le 1er mars à Alger.

(ats)