Irak: «Daech sera battu», affirme Martin Dempsey

 

Le général Martin Dempsey a assuré lundi à Bagdad que le groupe Etat islamique (EI) serait battu. Il a toutefois appelé à la patience face aux jihadistes contre lesquels l’armée irakienne a lancé une vaste offensive.

Le général Dempsey s’est entretenu avec de hauts responsables irakiens pour faire le point sur les opérations militaires visant à reprendre à l’EI la ville de Tikrit. Cette campagne implique plus de 20’000 hommes. «Daech (acronyme arabe de l’EI, NDLR) sera battu», a-t-il assuré.

Sa visite coïncide avec le lancement par les forces kurdes lundi d’une autre offensive, dans le secteur de la ville pétrolière de Kirkouk (nord). Destinée à accroître la pression sur les derniers bastions de l’EI à l’est du fleuve Tigre, cette attaque est appuyée par des frappes aériennes de la coalition internationale antidjihadistes dirigée par Washington.

Pas de «tapis de bombes»

Le général Dempsey a rallié Bagdad en provenance du Golfe, où il a effectué dimanche une visite sur le porte-avions français «Charles de Gaulle», engagé dans la coalition internationale.

Lors de cette visite, le plus haut gradé américain avait déclaré que la coalition ne prévoit pas d’accélérer ses frappes aériennes contre l’EI. «Larguer un tapis de bombes sur l’Irak n’est pas la solution», avait-il dit.

«Nous avons la responsabilité d’être très précis dans l’usage de notre puissance aérienne», a expliqué le général Dempsey, assurant qu’augmenter le rythme des raids accentuerait les risques pour les populations civiles, ce qui pourrait alimenter en retour la propagande djihadiste.

La semaine dernière, le général Dempsey avait indiqué que la défaite de l’EI à Tikrit n’était toutefois qu’une question de temps. Quelques centaines de djihadistes y font face à environ 23’000 soldats et miliciens irakiens.

Réconciliation avec les sunnites

Lundi, il a aussi insisté sur la volonté du gouvernement de Bagdad de se réconcilier avec les sunnites, méfiants envers les forces de sécurité. L’EI a profité du ressentiment de cette population vis-à-vis des gouvernements majoritairement chiites de ces dernières années pour effectuer sa percée en Irak.

Des membres de tribus sunnites sont accusés d’avoir participé au massacre de centaines de jeunes soldats irakiens chiites en 2014. L’offensive sur Tikrit a été présentée comme une occasion de se venger par le leader des Unités de mobilisation populaire, une force paramilitaire principalement constituée de miliciens chiites. Mais les responsables militaires ont depuis publiquement appelé leurs hommes à la retenue.

Résistance de l’EI

Une semaine après le début de la bataille de Tikrit, les autorités irakiennes n’ont encore évoqué aucun bilan. Mais elles ont fait état d’une résistance de l’EI dans cette cité.

Sur la route entre Bagdad et Mossoul à 160 kilomètres de la capitale, elle est la plus grande ville du ‘califat’ autoproclamé par l’EI. Elle avait été prise par le groupe djihadiste en juin dès les premiers jours de leur fulgurante percée en Irak. Sa population est majoritairement sunnite.

Selon l’ONU, près de 30’000 personnes ont par ailleurs été déplacées par les combats autour de Tikrit. Certains ont rejoint des camps à Samarra, l’autre grande ville de la province de Salahedine.

Protéger le patrimoine

De leur côté, les autorités irakiennes ont appelé dimanche la coalition internationale à intervenir pour protéger le patrimoine archéologique vandalisé par des djihadistes, notamment des sculptures préislamiques du musée de Mossoul, les cités antiques de Nimroud et Hatra (nord). Une idée à laquelle le général Dempsey s’est montré favorable lundi à Bagdad.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a lui souligné lundi depuis Le Caire «le besoin pressant pour une force militaire arabe» afin de combattre «les groupes terroristes».

Son adjoint avait annoncé le 3 mars que le lancement d’une force militaire arabe serait étudiée lors du sommet annuel de la Ligue prévu les 28 et 29 mars à Charm el-Cheikh.

(ats)