Russie: L’anniversaire du «retour» de la Crimée fêté

 

Ces commémorations interviennent après un an d’une crise envenimée par l’annexion de la Crimée et qui a débouché sur une guerre dans l’est de l’Ukraine et sur un climat de confrontation entre Russes et Occidentaux sans précédent depuis la fin de l’URSS en 1991.

«Ensemble, avec la grande Russie, nous construisons une nouvelle Crimée», s’est félicité le président du parlement de la péninsule, Vladimir Konstantinov, dans un communiqué diffusé à cette occasion. «Aucune sanction, aucune menace, aucun chantage ou mensonge des ennemis ne feront renoncer les habitants de Crimée à leur choix. La Crimée russe sera autosuffisante et prospère», a-t-il assuré.

Le 16 mars 2014, les habitants de cette péninsule à majorité russophone ont voté à 97% leur rattachement à la Russie lors d’un référendum salué par les Russes et dénoncé comme «illégal» par l’Occident.

Kiev: «une annexion»

Le 18 mars 2014, la Crimée, offerte à l’Ukraine par le numéro un soviétique Nikita Khrouchtchev en 1954 lorsque la Russie et l’Ukraine faisaient toutes deux partie de l’Union soviétique, redevenait officiellement russe après la signature du président Vladimir Poutine. Au grand dam de Kiev, qui dénonçait une «annexion».

«L’Ukraine ne cèdera jamais ses droits souverains sur la Crimée et défendra par tous les moyens les droits des gens qui habitent là-bas», a répété récemment le président ukrainien Petro Porochenko.

L’Union européenne et Washington, qui accusent par ailleurs la Russie de soutenir les rebelles prorusses dans l’est de l’Ukraine, ce que Moscou dément, ont adopté une série de sanctions visant le coeur de l’économie russe. Ces sanctions, qui s’appliquent aussi à la Crimée, isolent économiquement la péninsule et ont provoqué le départ de presque toutes les entreprises occidentales.

La Crimée «vit en paix»

Les autorités de Crimée affirment toutefois que ces difficultés sont temporaires et soulignent que même s’il y a des pénuries sur la péninsule, encore très dépendante de l’Ukraine pour son approvisionnement en eau, électricité et produits alimentaires, il n’y a pas de guerre.

«Alors qu’en Ukraine la junte sanglante soutenue par des parrains américains et européens est en train d’éliminer ses propres compatriotes, les habitants de Crimée vivent en paix et en harmonie au sein de la famille multinationale de Russie», dit M. Konstantinov.

Même s’ils sont coupés de l’Ukraine par une frontière et ne peuvent se rendre en Russie qu’en ferry, si la météo n’est pas trop capricieuse, la majorité écrasante de la population de Crimée semble partager l’optimisme des autorités. Quelque 80% des habitants soutient toujours le rattachement de la péninsule, selon un sondage publié en février par l’institut Gfk Ukraine.

Manifestations et concerts

Des manifestations prorusses et des concerts avec la participation de stars de la chanson russe sont prévus à Simféropol, la capitale de la Crimée, de lundi à mercredi, qui a été proclamé jour férié sur la péninsule. A Moscou, un concert sera organisé mercredi à deux pas du Kremlin sous le slogan «Nous sommes ensemble», à l’instar d’un concert monstre qui avait réuni il y a un an plus de 100’000 personnes.

On ne sait cependant pas si Vladimir Poutine, qui a remercié la Crimée pour son «courage» et sa «volonté d’être ensemble avec la Russie» lors du concert de mars 2014, y participera cette année.

Omniprésent de coutume dans les médias russes, M. Poutine n’est pas apparu en public depuis le 5 mars, suscitant des interrogations sur les réseaux sociaux sur son état de santé, sa mort éventuelle ou bien une nouvelle paternité, malgré les démentis du Kremlin.

Documentaire diffusé

A la veille du premier anniversaire du référendum, la télévision publique russe doit diffuser dimanche soir un documentaire où Vladimir Poutine raconte avoir lancé une opération visant en substance à l’annexion de la Crimée dès la chute du président prorusse de l’Ukraine Viktor Ianoukovitch le 22 février 2014.

M. Poutine confie avoir alors convoqué en pleine nuit au Kremlin les responsables des services secrets et du ministère de la Défense afin d’organiser une mission pour protéger le président Ianoukovitch et l’exfiltrer d’Ukraine vers la Russie. «Nous avons fini vers 7 heures du matin. Et en nous quittant j’ai dit à tous mes collègues: nous sommes contraints de commencer le travail visant à ramener la Crimée en territoire russe», déclare-t-il.

Quatre jours plus tard, un commando prorusse prenait le contrôle du parlement de Crimée, qui convoquait à la hâte les députés pour qu’ils votent en faveur d’un gouvernement favorable à Moscou et de l’organisation d’un référendum sur le rattachement de la péninsule à la Russie.

(ats)