Nucléaire iranien: Course contre la montre pour sceller un accord

 

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est arrivé dimanche soir à Lausanne pour des entretiens avec son homologue iranien Javad Zarif. Il s’agit de la dernière ligne droite des négociations sur le programme nucléaire iranien, avec pour objectif de sceller un accord politique d’ici la fin mars. Les républicains dénoncent déjà un «mauvais accord».

Les deux hommes doivent se rencontrer dès dimanche soir dans l’hôtel à Lausanne où se tiennent les négociations, a indiqué une source du département d’Etat.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif est lui arrivé dimanche matin avec son équipe au Beau-Rivage Palace, au bord du lac Léman.

M. Zarif a affirmé qu’il voulait aboutir à «des résultats concrets». «Durant les prochains jours, nous devons faire aboutir les solutions autant que c’est possible, ensuite doit commencer la période de l’écriture d’un accord de façon très précise et détaillée», a-t-il dit à la télévision iranienne dans l’avion qui l’emmenait en Suisse.

Le ministre a évoqué la nécessité de régler certaines questions, de parler des «certains détails» pour d’autres questions. Mais ensuite «il faut qu’il devienne clair de quelle façon les sanctions seront levées et quelles sont les garanties pour l’application de l’accord».

Après douze ans de tensions internationales et 18 mois de pourparlers intenses, Téhéran et les grandes puissances du groupe «5+1» se sont donné jusqu’au 31 mars pour conclure un règlement garantissant que l’Iran n’aura jamais la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions.

MM. Kerry et Zarif, très impliqués dans la négociation, ont intensifié ces dernières semaines le rythme et la durée de leurs rencontres, le plus souvent en Suisse.

Kerry souffle le chaud et le froid

Avant d’arriver en Suisse, John Kerry a soufflé le chaud et le froid sur les chances de conclure. «Mon espoir est que dans les prochains jours cela sera possible», a-t-il déclaré, depuis l’Egypte, selon l’extrait d’un entretien à la télévision américaine CBS.

Si le programme nucléaire iranien «est pacifique, allons-y, finissons-en», a-t-il lancé. En cas d’accord politique d’ici deux semaines, les «5+1» et Téhéran sont convenus de finaliser d’ici la fin juin tous les détails techniques de ce règlement général.

Samedi, M. Kerry s’était montré plus prudent. Lors d’une conférence de presse, il avait prévenu qu’il subsistait des «divergences importantes».

La République islamique a toujours démenti vouloir se doter de la bombe atomique. Barack Obama lui n’a jamais exclu totalement de bombarder les infrastructures iraniennes en cas d’échec de la diplomatie.

Discussions à Bruxelles

Le département d’Etat n’a pas dit quand son patron John Kerry quitterait Lausanne. Peut-être vendredi à la veille du Nouvel an iranien, le 21 mars.

Après son premier entretien avec M. Kerry, dès dimanche soir ou lundi matin, M. Zarif est attendu dans la journée à Bruxelles pour voir les chefs des diplomaties européenne, française, britannique et allemande. Les délégations des «5+1» et de l’Iran doivent ensuite se retrouver mardi à Lausanne.

D’après un diplomate européen toutefois, il sera «tout à fait» nécessaire de poursuivre, après le 31 mars, des discussions sur des points techniques en suspens. Un éventuel accord politique prendrait la forme d’un «point d’étape clé sur les points les plus importants», selon ce responsable.

Bras de fer au Congrès

Cette possible solution diplomatique historique sur le nucléaire a également remobilisé ses opposants. «Apparemment, l’administration est sur le point de conclure un très mauvais accord avec l’un des pires régimes du monde, et qui leur permettrait de garder leur infrastructure nucléaire», a ainsi répété dimanche le sénateur Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat.

L’administration Obama est également engagée dans un bras de fer avec le Congrès, dominé par les républicains, pour dissuader les parlementaires de voter une loi qui forcerait M. Obama à soumettre au Congrès tout accord sur l’Iran.

Dans ce contexte, la Maison Blanche a confirmé dimanche que tout accord sur le nucléaire iranien ferait l’objet d’un vote de soutien au Conseil de sécurité des Nations unies.

(ats)