Crash en France: En état de choc, la ville de Haltern pleure ses lycéens

 

Une vingtaine de personnes se recueillaient mardi soir en silence devant les nombreuses bougies qui tapissent les marches du lycée Joseph König, dans la bourgade allemande de Haltern am See (ouest), sous le choc après la disparition de 16 lycéens dans le crash en France.

«Nous ne pouvons pas encore réaliser», explique en pleurs à l’AFP Suzanne, 47 ans, venue rendre hommage aux victimes, avec ses deux fils Lukas et Nils scolarisés dans le même lycée.

«On nous a appris la nouvelle vers une heure de l’après-midi et après ça les écoliers ont été autorisés à rentrer chez eux», raconte Lukas, 11 ans, qui connaissait un des jeunes disparus.

Voyage scolaire à Barcelone

Ces seize adolescents, qui rentraient d’un voyage scolaire à Barcelone avec deux enseignants, se trouvaient à bord de l’avion de Germanwings qui s’est écrasé mardi dans les Alpes françaises, sans laisser de survivants.

Aux abords du Lycée, de petits groupes de lycéens se tiennent en cercle sans bruit, d’autres discutent à voix basse. Alors que la nuit tombe sur Haltern am See, une centaine de personne s’attardent devant l’entrée de l’établissement, tandis qu’une chapelle ardente a été installée dans l’une des églises de cette ville de 38’000 habitants.

«J’ai peur de regarder les photos demain»

«Nous sommes venus pour montrer tout notre amour pour les parents qui ont perdu leurs enfants. Je connaissais particulièrement bien ce programme d’échange scolaire, mon fils y a participé il y a quelques années, je me sens donc particulièrement concernée», explique Angelika, 57 ans, professeur dans un autre lycée.

Avant d’ajouter: «je ne connaissais que quelques victimes, mais j’ai peur de regarder les photos demain et de découvrir que j’en connaissais plus que je ne le pensais». Son fils Marius, 16 ans, a du mal à dire quelques mots. «C’est important d’être là, ici, c’est un petit village, tout le monde se connaît», lâche-t-il avant de retourner au silence.

Soutien psychologique

Des équipes municipales sont présentes pour assurer un soutien psychologique à ceux qui en ont besoin. «Nous sommes là pour prendre en charge les premiers chocs. Nous essayons d’être là, de regarder les gens qui sont tristes. Nous essayons de leur dire qu’ils ne sont pas abandonnés», explique Ingo Janzen, l’un des membres de ces équipes, vêtu d’un gilet fluo aisément reconnaissable.

«On ne peut pas parler dans un tel moment. La première étape, c’est de revenir à la réalité et d’accepter que ce qui s’est passé est vrai», ajoute-t-il.

Elena, Fabio, Gina, Kristin, Lea…

Sur une table de ping-pong recouverte de chandelles et de roses, une grosse bougie porte les prénoms de quelques-unes des victimes, âgées d’une quinzaine d’années, et de leurs deux professeurs: Elena, Fabio, Gina, Kristin, Lea…

«C’est le jour le plus noir de l’histoire de notre ville», a estimé le maire d’Haltern (nord-ouest), Bodo Klimpel, très ému. «C’est le pire que l’on puisse s’imaginer», a-t-il ajouté au cours d’une conférence de presse à la mairie. La ville est en «état de choc», a-t-il dit. Mercredi, une cérémonie, fermée à la presse, est prévue au lycée Joseph König.

Soixante-sept des 150 personnes qui se trouvaient à bord de l’avion de Germanwings qui s’est écrasé mardi dans les Alpes françaises étaient allemandes. La chancelière Angela Merkel a annoncé qu’elle se rendait mercredi sur les lieux de l’accident en France, en faisant part de son «choc» et de sa «profonde tristesse».

(afp)