
Le vote a repris dans 300 bureaux à 08h00 heure locale a annoncé la Commission électorale indépendante (INEC). Dans ces bureaux, les lecteurs biométriques ne devaient pas être utilisés, au profit des méthodes d’identification manuelles classiques.
Le résultat du scrutin devrait être connu «dans les 48 heures», selon l’INEC. Toutefois, il pourrait être retardé en raison des récents cafouillages.
Quelque 69 millions d’électeurs -des 173 millions d’habitants du Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique- devaient élire ce week-end le président, les 109 sénateurs et les 360 députés du Parlement. Le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole et la première puissance économique du continent.
«Honte énorme»
Le président Goodluck Jonathan, candidat à sa réélection, a voté samedi dans son village natal d’Utuoke, dans le sud pétrolier, majoritairement chrétien. Il a lui-même été victime des dysfonctionnements du nouveau système de lecture de cartes électorales biométriques mis en place par l’INEC.
Tous ceux qui, comme le président et son épouse, n’ont pas pu être identifiés par ces lecteurs de cartes ont dû être enregistrés manuellement.
Après l’annonce de la suspension des opérations de vote jusqu’au lendemain dans 300 bureaux, le Parti démocratique populaire (PDP, au pouvoir) a considéré samedi soir que ce cafouillage était «une source de honte énorme au niveau national».
Le Congrès progressiste (APC) de l’ancien général Muhammadu Buhari, principal adversaire de M. Jonathan à la présidentielle, a défendu le nouveau système d’enregistrement durant toute la campagne électorale. Il affirmait qu’il permettrait d’éviter les fraudes électorales, fréquentes au Nigeria.
«Pensées négatives»
M. Buhari, qui a voté samedi après-midi dans son fief de Daura, en plein nord musulman, a dénoncé «toutes ces pensées négatives sur l’élection nigériane (qui) n’ont pas lieu d’être, cinq Etats au maximum ayant été affectés» par les dysfonctionnements.
Les couacs techniques ne furent pas les seuls problèmes rencontrés dans les bureaux de vote du pays, où les électeurs se sont rendus nombreux, des camps de déplacés de Maiduguri, dans le nord-est, à la mégalopole de Lagos, dans le sud. Cependant, les responsables des scrutins et le matériel électoral y sont souvent arrivés bien après l’heure officielle de début du vote.
Boko Haram, qui avait menacé de perturber les élections, a tenu parole. Bien qu’en perte de vitesse, le groupe islamiste, qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), est soupçonné d’avoir mené plusieurs attaques meurtrières contre des bureaux de vote et des élus locaux.
L’armée réplique
Des hommes armés ont abattu samedi sept Nigérians dans quatre villages de l’Etat de Gombe (nord-est), souvent ciblés par les islamistes de Boko Haram par le passé.
Un député de l’Etat de Borno (nord-est) a par ailleurs annoncé samedi que 23 villageois avaient été décapités la veille au soir dans la localité de Buratai, vraisemblablement par des islamistes. Sans que l’on sache s’il y avait un lien avec les élections.
En réaction, l’armée nigériane a lancé dimanche des frappes aériennes et une opération terrestre contre des membres de Boko Haram aux abords de la ville de Bauchi, dans le nord-est, selon une source militaire et des habitants.
Des soldats ont engagé des combats au sol contre les islamistes, qui se trouvaient à bord de 20 pick-up dans le village de Dungulbe, à sept km de Bauchi. Deux avions de chasse «pilonnent les positions ennemies» pendant les combats au sol, a déclaré une source militaire de la ville sous couvert d’anonymat.
(ats)