Yémen: Violents bombardements sur la capitale

 

Les récents raids d’une extrême violence se sont concentrés sur des positions de la Garde républicaine, corps d’armée resté fidèle à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, aujourd’hui allié aux Houthis. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a eu mardi des mots très durs pour les rebelles, M. Saleh et l’Iran, qu’il a tenu pour responsables du conflit au Yémen.

Trois employés du Mouvement de la Croix-Rouge ont été tués au cours des dernières 24 heures, lors d’incidents séparés au Yémen, en Syrie et au Mali, ont déploré mardi le CICR et la Fédération. Ils ont condamné des attaques «totalement inacceptables». La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se sont déclarés choqués et attristés par ces attaques, dans un communiqué commun publié à Genève. Un volontaire du Croissant-Rouge syrien a été abattu dans le camp de Yarmouk près de Damas. Au Yémen, un employé local du Croissant-Rouge a été tué alors qu’il venait en aide à des blessés à Zubaid dans le district de Dhale. Et au Mali, rappelle le CICR, un employé est mort lundi lors de l’attaque d’un de ses convois près de Gao.«L’attaque saoudienne» met en danger «toute la région»

L’Iran a averti mardi que «l’attaque saoudienne» au Yémen pourrait mettre en danger l’ensemble du Moyen-Orient et a appelé à un «arrêt immédiat» des opérations militaires. «Le feu de la guerre» poussera «toute la région à jouer avec le feu» et «ce n’est pas dans l’intérêt des nations» qui la composent, a dit le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian en marge d’une conférence de pays donateurs pour la Syrie qui s’est tenue au Koweït.

«Nous nous opposons fermement à la solution militaire au Yémen» et «nous pensons que l’attaque militaire saoudienne contre le Yémen est une erreur stratégique», a-t-il ajouté.

«Les miliciens chiites et l’ex-président Saleh ont, avec le soutien de l’Iran, cherché à déstabiliser le Yémen et à brouiller les cartes» dans ce pays, a-t-il déclaré devant le Majlis al-Choura, une assemblée réunie à Ryad. «Nous ne sommes pas des va-t-en guerre mais, dès lors que l’on bat les tambours de la guerre, nous y sommes prêts», a-t-il dit.

Le quotidien saoudien «Al-Watan» a lancé une attaque au vitriol contre le République islamique, mettant en garde les pays arabes contre une réaction possible de leur voisin à l’opération au Yémen. L’opération «constitue la plus grosse claque reçue par l’Iran en plusieurs décennies», écrit le quotidien. Cette campagne militaire «suscite l’espoir d’un succès historique des Arabes et d’une déroute de l’un de leurs pires ennemis: l’Etat perse», ajoute-t-il.

«Je n’ai jamais vécu des explosions aussi violentes»

 Partant de leur fief Saada, dans le nord, les Houthis ont déferlé en septembre sur la capitale Sanaa – dont ils ont pris totalement le contrôle en février -, conquis des régions dans le centre, l’ouest et le sud et menaçaient la semaine dernière la grande ville d’Aden, entraînant jeudi des frappes de la coalition menée par Ryad. A Sanaa, des habitants ont fait état de raids nocturnes très violents. «Nous avons vécu les raids les plus violents» depuis le début de l’opération, a déclaré à l’AFP Assem al-Sabri. «De fortes explosions ont résonné toute la nuit. C’était horrible. Nous n’avons pas pu fermer l’oeil». «Je n’ai jamais vécu des explosions aussi violentes», a également témoigné Amr al-Amrani, 30 ans.

«Tous les camps de la Garde républicaine autour de Sanaa, ainsi que l’aéroport, ont été bombardés dans la nuit», a indiqué un autre troisième habitant.

Outre Sanaa, les raids aériens, qui se sont poursuivis jusqu’à 06h30 (03h30 GMT), ont touché des sites de la Garde républicaine et des positions de la DCA dans plusieurs régions du Yémen, selon des habitants. L’objectif de la coalition, qui comprend une dizaine de pays arabes, est de dégrader et de détruire les infrastructures militaires des rebelles Houthis et de leurs alliés. Le porte-parole saoudien de la coalition, le général Ahmed Assiri, a implicitement admis la responsabilité de la coalition dans le raid qui a fait au moins 40 morts et 200 blessés lundi dans un camp de déplacés Al-Mazrak, au nord-ouest du Yémen. «La coalition a été visée par des miliciens depuis une zone résidentielle et l’aviation de la coalition a dû répliquer» en direction de la source des tirs, a-t-il dit, en réponse à une question sur une frappe contre le camp.

Origine des tirs par précisée

Dans le sud, au moins 40 personnes, en majorité des civils, ont péri dans de nombreuses attaques et violences, selon diverses sources. Près de Lahej, une cimenterie a été touchée par des obus d’origine indéterminée, faisant 20 morts parmi des ouvriers, a indiqué un responsable de cette unité industrielle. Selon un bilan de source médicale, 13 autres personnes ont péri dans la nuit à Aden par des tirs d’obus: six civils et sept supplétifs de l’armée, favorables au président Abd Rabbo Mansour Hadi réfugié en Arabie saoudite. Là aussi, les origines des tirs n’ont pas été précisées, alors que la confusion règne dans la ville du sud où des rebelles se sont infiltrés.

Un autre obus, à l’origine indéterminée, a touché de nuit une maison à Zinjibar de la province d’Abyane, tuant trois civils, selon des habitants. A Chabwa, autre province du sud, quatre civils ont été tués dans la nuit dans une attaque de drone qui aurait manqué sa cible, a indiqué une source militaire. A Baihan, dans la même province, quatre rebelles et trois membres d’une tribu locale sont morts lundi après-midi dans des raids de la coalition. Les trois derniers ont été atteints par erreur, selon des sources tribales.

(afp)