
Neuf jours après le crash de l’A320 de Germanwings, le PDG de Lufthansa (LHA 13.05 -0.23%) est venu dans les Alpes promettre une aide continue aux familles des victimes, la justice française appelant quiconque détenant une vidéo liée à l’accident à lui remettre.
«Je donne ma parole aux victimes, notre aide ne va pas s’arrêter cette semaine. Nous continuerons d’apporter notre aide tant qu’elle sera nécessaire», a assuré le patron de Lufthansa, Carsten Spohr.
Le responsable allemand est sur la défensive depuis les révélations des antécédents psychiatriques du copilote accusé d’avoir entrainé dans son suicide 149 personnes.
Recueillement au Vernet
Lors de sa brève visite au Vernet, une localité proche des lieux de la catastrophe, Carsten Spohr, accompagné du PDG de Germanwings, Thomas Winkelmann, s’est recueilli devant une stèle érigée à la mémoire des 150 victimes de la catastrophe du 24 mars. Il a refusé de répondre aux questions des nombreux journalistes présents.
«Si nous sommes là aujourd’hui, au nom de Germanwings et de Lufthansa, c’est aussi pour remercier les centaines de personnes qui ont fait un travail formidable pour aider au cours de ces dernières semaines», a expliqué Carsten Spohr, citant les policiers, les gendarmes, l’armée, les «médecins qui aident à l’identification des victimes», ainsi que les habitants de la région.
Vidéo réclamée par la justice
Dans l’hypothèse où une personne disposerait d’une vidéo montrant les derniers instants des victimes, «elle se doit de la remettre sans délai aux enquêteurs» de la gendarmerie française, a par ailleurs déclaré dans un communiqué le procureur chargé de l’enquête judiciaire française, Brice Robin. Il a démenti «qu’en l’état actuel des investigations, figurent à l’enquête une ou plusieurs vidéos filmant le crash de l’Airbus A320».
L’hebdomadaire français Paris Match et le quotidien allemand Bild affirment avoir visionné une vidéo tournée dans l’avion juste avant le crash, révélant que les passagers étaient pleinement conscients que l’appareil allait s’écraser, criant «Mon Dieu» en plusieurs langues. L’hebdomadaire français a assuré mardi sur son site internet n’avoir «aucun doute» sur la provenance de l’enregistrement, en l’occurrence un téléphone portable.
Paris-Match «ne possède pas» de vidéo mais en a «visualisé» une, a affirmé ce mercredi dans une interview filmée le journaliste qui en a rendu compte dans l’hebdomadaire. «Je ne possède pas cette vidéo», affirme Frédéric Helbert dans cet entretien, mis en ligne sur le site de Paris Match. «C’est un passager qui filme de l’arrière de l’avion», précise-t-il, ajoutant que cette vidéo «n’apporte rien à l’enquête». Selon lui, «c’est le son qui est terrible, c’est la dimension humaine de la panique, de la détresse, des cris, des gens dans l’avion».
L’état de santé de Lubitz était connu
Mardi, la gendarmerie française avait indiqué qu’il n’y avait «plus de corps sur la zone du crash» et que l’évacuation de ces derniers était terminée. Le travail des équipes sera désormais de «récupérer les effets personnels» des passagers, avait-il précisé, alors que la seconde boite noire, contenant les paramètres du vol, était toujours activement recherchée.
Les autorités françaises ont promis une identification rapide des restes des victimes sur la base de leurs ADN. En Allemagne, Lufthansa a révélé mardi que le copilote soupçonné d’avoir provoqué le crash l’avait informé en 2009 qu’il avait connu un «épisode dépressif sévère».
La maison-mère de Germanwings a affirmé avoir transmis au parquet de Düsseldorf, en charge de l’enquête allemande, des «documents supplémentaires» confirmant que le copilote, Andreas Lubitz, avait informé en 2009 l’école de pilotage de l’entreprise qu’il avait connu un «épisode dépressif sévère».
Recherches internes chez Lufthansa
Jusqu’à présent, Lufthansa avait affirmé que cet homme de 27 ans avait interrompu sa formation pendant «plusieurs mois» il y a six ans. Mais Carsten Spohr avait déclaré ne pas avoir le droit de révéler les raisons de cette interruption.
Cette fois, Lufthansa affirme avoir procédé à «de nouvelles recherches internes» pour fournir ces documents – des pièces qui concernent sa formation au pilotage, des «documents médicaux» et la «correspondance par courriels entre le copilote et l’école de pilotage» – et ce, «dans l’intérêt d’une élucidation rapide et sans faille» des circonstances du drame.
Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts des familles, le consortium d’assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d’euros), selon Lufthansa.
Failles systémiques étudiées
Même s’il était prouvé qu’Andreas Lubitz a volontairement provoqué le drame, cela ne changerait rien aux indemnisations auxquelles les proches des victimes ont droit, selon des spécialistes du secteur.
Le parquet de Düsseldorf avait révélé que le jeune homme avait suivi un traitement pour des tendances suicidaires dans le passé.
Cité mardi par le quotidien populaire Bild, un enquêteur évoque comme «mobile principal» sa «peur» de «perdre son aptitude au vol en raison de ses problèmes de santé».
Le Bureau enquête analyse (BEA) français pour l’aviation a indiqué de son côté «étudier les failles systémiques qui auraient pu conduire» au drame, comme «la logique du système de verrouillage des portes de cockpits» et les «critères et procédures susceptibles de détecter des profils psychologiques particuliers».
Mercredi, un service œcuménique funèbre devait avoir lieu à 17h00 à l’église catholique de Haltern (ouest de l’Allemagne), d’où étaient originaires les 16 élèves allemands morts dans la catastrophe.
(afp/Newsnet)