
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a entamé mardi une visite d’Etat de deux jours en France. François Hollande a promis une «coopération exemplaire», en matière sécuritaire, économique et culturelle avec la Tunisie, trois semaines après l’attentat sanglant du musée du Bardo à Tunis.
Cette visite a lieu une dizaine de jours après celle effectuée par le chef de l’Etat français à Tunis. M. Hollande avait participé à une grande marche de protestation contre le terrorisme après l’attentat du 18 mars contre le musée du Bardo, qui a fait 24 morts, dont les deux assaillants.
«Nos deux pays sont côte à côte pour faire face aux épreuves», a lancé M. Hollande lors d’une conférence de presse commune. Il n’est pas entré dans le détail en matière sécuritaire, se bornant à mentionner des «échanges de renseignements» et un renforcement de la coopération pour assurer la sécurité de la frontière tunisienne, voisine de la Libye en plein chaos.
Le président français a aussi annoncé une conversion de dette à hauteur de 60 millions d’euros, afin d’assurer le financement de projets d’investissements. Il a promis que la France serait «l’ambassadeur de la Tunisie en Europe» pour mobiliser le soutien de l’Union européenne.
«Nous sommes au milieu du gué», a pour sa part lancé M. Essebsi. le chef d’Etat tunisien a rappelé que la Tunisie était un pays «en voie de démocratisation».
Dîner d’Etat à l’Elysée
Geste rare, réservé jusqu’à présent au seul président chinois Xi Jinping, François Hollande avait auparavant reçu en personne son homologue tunisien à l’Hôtel des Invalides. C’était une manière de souligner une nouvelle fois l’attachement de la France au processus démocratique en Tunisie, pays pionnier des printemps arabes.
Les deux hommes ont ensuite traversé la Seine sur le Pont Alexandre III, à bord du même véhicule, escortés par les cavaliers et les motards de la Garde républicaine. Ils ont rejoint l’Elysée, quelques centaines de mètres plus loin. Dans la soirée, un dîner d’Etat devait être offert en l’honneur de du président tunisien au palais présidentiel français.
Premier président tunisien élu démocratiquement, Béji Caïd Essebsi doit aussi s’exprimer devant le Sénat avant d’être reçu mercredi à déjeuner par le Premier ministre français Manuel Valls.
Cruciale pour l’économie
La coopération promise par la France est cruciale aussi pour l’économie tunisienne. Le secteur stratégique du tourisme a subi un rude coup après l’attentat du Bardo, avec des réservations en chute de 60% selon le Syndicat national (français) des agents de voyages (SNAV).
«La France est notre premier partenaire, nous souhaitons qu’elle comprenne mieux le problème» de l’économie tunisienne qui peine à se redresser, a déclaré M. Essebsi dans une interview accordée au quotidien «Le Monde» à la veille de sa visite.
«Nous sommes très ouverts à toutes sortes de coopération dans les domaines culturel, scientifique, économique, politique social et même sécuritaire», a-t-il souligné.
Achat d’armement
Selon le chef de la diplomatie tunisienne Taïeb Baccouche, des négociations sont en cours avec la France et les Émirats arabes unis pour l’acquisition d’armes. La Tunisie est confrontée à la présence de djihadistes armés à sa frontière avec l’Algérie et regarde d’un oeil inquiet son voisin libyen basculer dans le chaos.
La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie et son premier investisseur extérieur. Quelque 1300 entreprises françaises employant plus de 125’000 personnes sont implantées en Tunisie. Elle est aussi le premier pays pourvoyeur de touristes et le premier bailleur de fonds bilatéral.
(ats)