
Au «Figaro Magazine» qui lui demande s’il sera candidat à ce scrutin, Jean-Marie Le Pen, que sa fille Marine avait menacé de priver de l’investiture du parti, répond: «Non, bien que je pense que j’étais le meilleur candidat pour le Front national.»
Il fait valoir pour cela le score de 33% réalisé par le FN – dont il était tête de liste – aux dernières européennes dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Il a aussi rappelé ses fonctions de président de groupe à l’assemblée régionale.
«Si je dois sacrifier à l’avenir du mouvement, je ne serai pas celui qui lui causerait le dommage», ajoute l’eurodéputé, âgé de 86 ans. Il s’exprimait à l’issue d’une semaine d’âpres disputes avec la direction du Front national, suscitées par des déclarations qualifiées de «provocations» et de «suicide politique» par sa fille.
«Tête de liste très performante»
Pour le remplacer, le président d’honneur du mouvement ne voit pas «beaucoup de choix», mais en discerne un «excellent»: celui de sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen, députée du Vaucluse. «Si elle accepte, je pense qu’elle serait une tête de liste très performante. Certainement, la meilleure, je ne vais pas dire après moi, mais quand même.»
La présidente du FN, Marine Le Pen, avait jugé qu’il serait «sage» de la part de son père de se retirer. Elle a aussi engagé contre lui une procédure disciplinaire après ses propos récents à un hebdomadaire d’extrême droite. Jean-Marie Le Pen y défend le maréchal Pétain, artisan de la collaboration avec l’Allemagne nazie.
Apaisement
Le vice-président du Front, Florian Philippot, a salué sur i-TELE «une décision assez sage qui est conforme d’ailleurs à la volonté de Marine Le Pen». Pour le député mariniste Gilbert Collard, «le fait de se retirer est interprété par tout le monde comme un acte d’apaisement». «J’ai l’impression qu’il a compris l’appel à la sagesse, qui était dépourvu d’agressivité», a-t-il ajouté sur i-TELE.
A propos de la candidature éventuelle de Marion Maréchal-Le Pen, M. Philippot a indiqué que la décision incomberait à la commission nationale d’investitures du parti. «Nous ne manquons pas de talents dans cette région», a-t-il dit. Il a souligné que Marion Maréchal-Le Pen en était un, mais que d’autres pourraient se porter candidats.
«Vider l’abcès»
Le bureau exécutif du Front national est convoqué vendredi pour examiner les investitures des têtes de liste aux élections régionales de décembre prochain en France.
Le vice-président du FN a ajouté que la décision de Jean-Marie Le Pen ne changeait rien à la prochaine réunion d’une commission de discipline du bureau exécutif pour sanctionner les déclarations du vieux leader dans les pages de «Rivarol». Gilbert Collard a estimé qu’il faudrait «vider l’abcès» devant l’instance disciplinaire.
Mise en examen
Dans un volet judiciaire, le commissaire aux comptes du FN a été mis en examen pour complicités d’escroquerie, financement illégal de parti politique, recel d’abus de confiance et blanchiment d’abus de biens sociaux, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Les juges chargés de l’enquête sur le financement des campagnes législative et présidentielle du FN en 2012 ont avancé dans leur enquête.
Le commissaire aux comptes Nicolas Crochet a été entendu vendredi. Sa mise en examen porte à cinq le nombre de mis en examen dans ce dossier. Le Parquet de Paris a ouvert une information judiciaire en 2014 à ce sujet, élargie le 9 mars dernier à des faits de financement illégal de parti politique par une personne morale.
Les juges cherchent à savoir si le FN et le micro-parti de Marine Le Pen, «Jeanne», n’ont pas profité de facilités de paiement offertes par la société Riwal, prestataire de services du FN. Mercredi dernier, un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, patron de Riwal, a été mis en examen. Deux autres personnes avaient auparavant subi le même sort dans cette affaire.
(ats/afp)