
Stéphane Charbonnier, alias Charb, disparu il y a trois mois avec plusieurs de ses collègues, était à la tête de la rédaction de «Charlie Hebdo». Assassiné à 47 ans des balles de terroristes islamistes, le dessinateur s’était pourtant souvent posé en pourfendeur des inégalités sociales.
Le journal satirique a maintes et maintes fois été critiqué pour son ton acerbe et, souvent accusé d’islamophobie, Charb s’était attelé à l’écriture d’un livre destiné à remettre les pendules à l’heure.
L’Obs s’est procuré quelques extraits de cet ouvrage, tout juste terminé avant le drame, et en publie certains extraits sur son site internet. Il s’intitule «Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes».
«Avoir peur de l’islam est sans doute crétin, absurde, et plein d’autres choses encore, mais ce n’est pas un délit, peut-on y lire. (…) le problème, ce n’est ni le Coran ni la Bible, romans soporifiques, incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d’une étagère Ikea».
«Paternalisme dégueulasse de gauche»
Pour Charb, les tensions au sein du peuple français vont au-delà de la religion: «Les militants communautaristes qui essaient d’imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d”islamophobie’ n’ont pas d’autre but que de pousser les victimes de racisme à s’affirmer musulmanes (…) Si demain les musulmans de France se convertissent au catholicisme ou bien renoncent à toute religion, ça ne changera rien au discours des racistes: ces étrangers ou ces Français d’origine étrangère seront toujours désignés comme responsables de tous les maux».
Le dessinateur impute d’ailleurs une bonne partie des réactions virulentes à l’égard de son journal aux médias: «C’est parce que les médias ont décidé que la republication des caricatures de Mahomet ne pouvait que déclencher la fureur des musulmans qu’elle a déclenché la colère de quelques associations musulmanes».
Fidèle à lui-même, Stéphane Charbonnier martèle également: «En vertu de quelle théorie tordue l’humour serait-il moins compatible avec l’islam qu’avec n’importe quelle autre religion ? (…) Si on laisse entendre qu’on peut rire de tout, sauf de certains aspects de l’islam parce que les musulmans sont beaucoup plus susceptibles que le reste de la population, que fait-on, sinon de la discrimination? Il serait temps d’en finir avec ce paternalisme dégueulasse de l’intellectuel bourgeois blanc ‘de gauche’ qui cherche à exister auprès de ‘pauvres malheureux sous-éduqués’».
(ade)