
Le président français François Hollande et des dizaines de milliers de personnes sont attendus à l’occasion de son départ en grande pompe depuis la petite Ile d’Aix, à l’embouchure du fleuve Charente, sur la côte sud-ouest de la France.
D’abondantes festivités populaires ont été programmées pour l’événement, sécurisé par un dispositif quasi militaire avec restrictions à la navigation et interdictions de survols de drones.
Après une visite à quai de «la frégate de la liberté», le président Hollande doit prononcer dans l’après-midi un discours célébrant les liens entre la France et les Etats-Unis.
A l’attention des futurs hôtes américains du navire, il remettra un exemplaire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, texte fondateur de la République française, à son commandant, Yann Cariou, 53 ans dont trente de service dans la Marine française.
13.000 km de traversée houleuse
Cette dernière, engagée aux côtés de l’US Navy dans le Golfe persique, prendra part à la cérémonie avec un navire de lutte anti-sous-marine portant le nom de «Latouche-Tréville», lieutenant de vaisseau et futur amiral qui commandait l’«Hermione» de 1780.
Après un feu d’artifice point d’orgue des festivités, l’«Hermione» doit quitter son mouillage et entamer à 20H30 GMT son périple. Cap sur les Canaries pour une première escale avant de reprendre la mer, le 6 ou le 9 mai, direction l’Amérique.
Coque de 45 mètres de long, grand mât en pin d’Oregon culminant à 54 m, 2.200 m2 de voilure, 25 km de cordes, la frégate peut voguer à une vitesse maximale de 14 noeuds (26 km/h) toutes voiles déployées. Son commandant table sur une vitesse moyenne de traversée de 4,5 noeuds.
A son bord, 80 membres d’équipage, marins aguerris et bénévoles passionnés de tous horizons, dont de nombreux étrangers et un tiers de femmes, endureront six semaines et 13.000 km de traversée houleuse jusqu’à la baie de Yorktown, sur la côte est des Etats-Unis. Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834), avait débarqué plus au nord, à Boston.
Star aux Etats-Unis
Le jeune aristocrate français, âgé de 23 ans, avait quitté les côtes françaises le 20 mars 1780 pour partir annoncer aux «Insurgés» américains du général George Washington l’arrivée imminente de renforts français pour combattre l’ennemi commun: l’Angleterre.
Placé par Washington à la tête des troupes de Virginie, il participait 18 mois plus tard aux victoires décisives des batailles de la baie de Chesapeake puis de Yorktown, où la réplique de l«Hermione» doit accoster le 5 juin.
Des milliers de spectacteurs sont également attendus à chacune de ses 11 escales le long de la côte est des Etats-Unis.
L’apothéose est attendue le 4 juillet dans la baie de New York, où des centaines de bateaux à voile ou à moteur escorteront la frégate pour la grande parade du jour de l’Indépendance.
«Lafayette (ndlr, orthographié ainsi outre-Atlantique) est plus populaire aux Etats-Unis qu’en France», assure Chuck Schwam, trésorier des American Friends of Lafayette, en évoquant les 80 villes, hameaux ou comtés américains qui portent son nom.
Les 17 années de reconstruction à l’identique de l’«Hermione» – «plus gros navire historique à naviguer» selon Yann Cariou – ont nécessité d’intenses recherches historiques et mobilisé des centaines d’artisans du monde entier.
L’association Hermione-Lafayette, organisatrice côté américain, a aidé à lever un quart des 4,5 millions de dollars du coût du voyage, financé côté français par les quelque quatre millions de visiteurs du chantier, les collectivités locales et divers mécènes.
(afp)