Naufrage en Méditerranée: Donald Tusk envisage un sommet extraordinaire

 

Le naufrage d’un chalutier chargé de migrants au large de la Libye dans la nuit de samedi à dimanche fait redouter une véritable hécatombe en Méditerranée. Le bilan pourrait atteindre quelque 700 tués, qui viendraient s’ajouter aux 450 tués de la semaine dernière.

L’Union européenne, sommée d’en faire plus depuis des jours et à chaque nouveau drame, a annoncé qu’elle allait réunir ses ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur pour prendre des mesures.

La cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini a également décidé de mettre cette question à l’agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg.

Le président français François Hollande a lui souligné que face à «une accélération» des drames depuis le début de l’année, «nous devons agir», en indiquant avoir parlé avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Le président du Conseil a lui appelé à une réunion d’urgence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, a annoncé son porte-parole.

«Nous demandons à ne pas être abandonnés», a dit le président du Conseil après un conseil des ministres. Un porte-parole du président du Conseil européen a lui indiqué que Donald Tusk envisage un tel sommet extraordinaire consacré à l’immigration clandestine.

28 survivants récupérés par un navire protugais

Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a plaidé dimanche pour une action urgente face à ce qui représente potentiellement «la plus grosse tragédie» de migrants jamais intervenue en Méditerranée.

Le chalutier a chaviré à environ 70 milles (130 km) des côtes libyennes avec à son bord plus de 700 personnes, selon le récit de 28 survivants récupérés par un navire marchand portugais, a souligné Carlotta Sami, porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Italie.

Les sauveteurs «essaient de trouver des survivants au milieu des cadavres flottant à la surface de la mer», a dit dimanche le Premier ministre maltais Joseph Muscat.

Dimanche après-midi, 24 cadavres avaient été récupérés, selon les garde-côtes italiens, qui ne confirment pas le chiffre de 700 personnes à bord. Mais ils ont précisé que ce chalutier de 20 mètres de long «est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes».

Appel aux garde-côtes auparavant

Les garde-côtes ont souligné vers 15h00 que les recherches se poursuivaient activement, mais qu’aucun autre survivant ou cadavre n’avait pu encore être retrouvé.

Cette nouvelle tragédie en Méditerranée fait suite à deux naufrages la semaine dernière, dont l’un a fait 400 disparus, et l’autre plus d’une quarantaine, selon le récit de survivants à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et à des ONG.

Le chalutier a lancé dans la nuit de samedi à dimanche un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. A son arrivée sur les lieux, à environ 120 milles (220 km) au sud de l’île italienne de Lampedusa, l’équipage du cargo a vu le chalutier chavirer.

Quelque 17 bateaux italiens et maltais sur place

Le drame est intervenu probablement lorsque les centaines de migrants à bord du bateau se sont précipités tous du même côté à l’arrivée du cargo portugais, ont indiqué les garde-côtes.

Une importante opération de secours, coordonnée par les gardes-côtes italiens, a été mise en place avec le concours de 17 navires des marines italienne et maltaise notamment, dès réception de l’alerte vers minuit.

Plus de 11’000 personnes ont été récupérées en une seule semaine, selon les garde-côtes.

Plus de 900 tués récemment

L’opération italienne de sauvetage des migrants «Mare Nostrum» a été remplacée cette année par une opération européenne de surveillance des frontières beaucoup plus modeste, baptisée «Triton». La ministre adjointe allemande à la migration, aux réfugiés et à l’intégration, Aydan Özoguz, s’est prononcée en faveur d’une reprise des opérations de sauvetage d’urgence.

Avant cette nouvelle tragédie, plus de 900 migrants avaient déjà perdu la vie depuis le début de l’année en effectuant la traversée entre la Libye et l’Italie, contre moins de 50 l’année dernière à la même époque.

Le pape François a appelé devant des milliers de fidèles la communauté internationale à «agir avec décision et rapidité» face à la multiplication des tragédies en Méditerranée.

(afp)