Hong Kong: Elle accuse les bonnes de briser les ménages

 

Environ 300’000 domestiques travaillent à Hong Kong et bon nombre d’entre elles viennent des Philippines ou d’Indonésie. Des affaires de maltraitance et d’abus défraient parfois la chronique et les associations de défense des droits de l’Homme disent craindre pour leur bien-être.

Mais Regina Ip, proche conseillère du chef du gouvernement Leung Chun-ying et présentée comme possible future patronne de l’exécutif de l’ancienne colonie britannique, a accusé les domestiques de briser les ménages. Dans un éditorial publié par le journal «Ming Pao» vendredi, elle explique avoir été contactée par des expatriées délaissées par des maris partis avec la domestique.

«Ressource sexuelle pour expatriés»

«J’ai eu des plaintes de femmes d’expatriés (…) disant que leur bonne philippine avait séduit leur mari», écrit-elle. «Des familles ont été ruinées en raison des relations entre les domestiques et leur employeur». «Plutôt que de faire état des problèmes de comportement de certains employeurs hongkongais, ne devrait-on pas plutôt se pencher sur le problème des bonnes philippines qui deviennent une ressource sexuelle pour les expatriés de Hong Kong?», demande-t-elle.

Et de citer une affaire récente dans laquelle une ancienne domestique philippine et son conjoint britannique ont été inquiétés par la police après le suicide apparent de leur fille de 15 ans. lls ont été mis en cause pour négligence et pour séjour illégal. D’après la députée, cette affaire est «le reflet» des «relations anormales» entre domestiques et employeurs.

«C’est raciste de stéréotyper une nationalité», a réagi Eman Villanueva de la Coordination des migrants asiatiques. «On devrait lui interdire de se rendre aux Philippines». Claudia Mo, députée du Parti civique, a écrit pour se plaindre de ces «propos discriminatoires» à la Commission pour l’égalité des chances de Hong Kong. «Les domestiques étrangères sont traitées comme des citoyennes de seconde zone par certains politiques qui ne craignent pas de proférer à leur sujet des propos offensants», a-t-elle dit à l’AFP lundi.

«Je me suis bornée à évoquer certains faits»

Mme Ip, qui est aussi membre du gouvernement local, a dit que ses écrits avaient été mal interprétés. «Je me suis bornée à évoquer certains faits», a-t-elle dit. «Le but de l’article était de faire part des mes préoccupations quant à la possibilité que des domestiques étrangères soient exploitées (…). Je ne montrais personne du doigt».

Mme Ip n’est pas étrangère à la controverse. En 2003, alors qu’elle était ministre de la Sécurité, elle avait proposé un projet de loi sur le sujet qui avait suscité un fort rejet de la part de l’opinion publique – inquiète de voir limitée sa liberté d’expression – et avait dû être remisé au placard.

(afp)