
Le directeur général d’une des plus importantes sociétés de construction en Grèce, soupçonné d’évasion fiscale, a été arrêté mercredi et contraint de payer 1,8 million d’euros de caution, sur un total de près de 2 millions qu’il doit au fisc au titre de régularisation de sa situation. La majeure partie de ce montant lui est réclamée pour avoir dissimulé d’importantes sommes à l’étranger, notamment en Suisse.
Le patron de la société Ellaktor a été conduit devant la justice puis relâché après s’être engagé à payer le reste de son dû «dans un bref délai», selon une source judiciaire. Il est le fils d’une des plus puissantes familles d’entrepreneurs grecs, active le secteur de la construction et de la presse où elle est actionnaire de médias très influents.
Selon des informations de presse, il se voit reprocher d’avoir placé sur des comptes à l’étranger environ 8 millions d’euros, dont 4 millions en Suisse.
Syriza en guerre contre les gros fraudeurs
Le nom de l’entrepreneur figurait sur la liste d’Hervé Falciani, cet ex-informaticien de la succursale genevoise de la banque HSBC qui avait dévoilé des fichiers des fraudeurs fiscaux présumés. Cette liste est connue en Grèce sous le nom de «liste Lagarde», parce qu’elle avait été donnée au gouvernement grec par Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre de l’Economie et des Finances en France.
Les arrestations pour dissimulation fiscale ne sont pas rares en Grèce. Mais elles concernent rarement des personnalités de la dimension du patron de la société Ellaktor.
Le nouveau gouvernement de gauche radicale Syriza, au pouvoir depuis trois mois, a dit vouloir mener la bataille contre l’évasion fiscale qui handicape l’économie du pays. Sur ce point, il est encouragé par ses créanciers UE et Fonds monétaire international (FMI).
Quelque 1,5 milliard de francs au total
Un ancien magistrat spécialisé dans la délinquance financière a donc été nommé ministre chargé de la lutte contre la corruption.
Fin mars, le gouvernement a repris les discussions avec la Suisse pour enquêter sur les dépôts bancaires des Grecs dans le pays. Une nouvelle rencontre sur ce sujet est prévue à Athènes fin avril.
Au total, selon des chiffres publiés la semaine dernière par le quotidien «Tages-Anzeiger», ces dépôts s’élèvent à environ 1,5 milliard de francs, dont une partie ne serait pas déclarée ou serait le fruit de généreuses exonérations fiscales octroyées par la Grèce, échappant légalement à toute imposition.
(ats)