Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action, le Réseau Parlementaire pour la Bonne Gouvernance des Ressources Minérales a investi depuis dimanche la région minière de Kédougou, histoire de toucher du doigt les enjeux du secteur minier et de mieux « affuter leurs armes » pour bien légiférer sur les questions liées au secteur.
Transparence et redevabilité s’inscrivent maintenant dans les traditions républicaines au Sénégal, du moins théoriquement. Les activistes de la société civile se sont organisés en une coalition dont la vision est que les ressources naturelles puissent profiter à tous les citoyens des pays qui en disposent, aujourd’hui et demain. Les élus locaux tissent leur toile pour la même cause et, depuis près d’un mois, des parlementaires leur emboîtent le pas pour porter sur les fonds baptismaux le Réseau Parlementaire pour la Bonne Gouvernance des Ressources Minérales. Oxfam, toujours fidèle à ses idéaux est passé par là.
Les parlementaires ont piétiné leur journée dominicale pour fouler le sol Kédovin. Il a fait et il fait encore une chaleur d’étuve. Ils ont dû dévorer près de 700 km de routes par endroits mal lotie et pourtant, l’on parle, avec beaucoup de fierté d’ailleurs, de corridor Dakar-Tambacounda-Bamako. Parmi eux, une bonne demi douzaine de braves femmes, les Honorables Hélène Tine, Khady Mané, Tayibou Baldé, Ndèye Dieynaba Ndiaye, Ndèye Awa Mbodj, Maguette Tall. Mamadou Lamine Diallo qui a la lourde charge de présider aux destinées de cette structure et ses collègues n’ont pas du tout chômé ce lundi. Ils sont allés serrer la main à leur collègue premier magistrat de la ville. Mamadou Cissé a souri et applaudi. Désormais il ne sera pas seul dans le combat pour l’émergence de la région de Kédougou assise sur des richesses inestimables, mais très pauvre. Le chef de l’Exécutif Régional et son « board » accueillera les parlementaires, c’était la toute première fois pour le gouverneur William Manel qui donnera un bref aperçu de la région non sans préciser qu’elle est malade de l’avancée du front minier sur celui de l’agriculture, avec son cortège de malheurs. Tour à tour, les chefs de services régionaux directement concernés par les opérations minières prendront la parole. De problèmes liés à la préservation de l’environnement sont soulevés. Le service est dépourvu de ressources humaines, d’équipements et de moyens logistiques appropriés. Le manque de législation pour le transport de marchandises et produits dangereux s’invite au débat. Des camions de cyanure transitent toutes les semaines, l’Esprit Absolu a voulu que jusqu’ici, il n’y a rien à signaler, en termes d’accident. Touchons du bois ! La réhabilitation et la fermeture des sites inquiètent aussi.
Au plan sanitaire, le VIH explose, 1.7% dans la région. L’hépatite E fait son apparition à Kharakhéna et Tinkoto. Elle ôte la vie à 24 individus dont 20 femmes enceintes. Le pogrom ! Les autorités médicales se retrouvent au cœur d’une spirale. Le taux de croissance démographique inquiète, 4.9 dans le département de Saraya, l’eau coule difficilement, la fourniture en électricité ne suit pas toujours et pourtant, plus de 200 milliards, selon le patron régional de la statistiques sont engendrés par les mines. « Pas grand-chose n’est tombé dans la gibecière des collectivités locales », scandent la quasi-totalité des communautés. Il n’y a pas beaucoup d’emploi pour les jeunes, eux-mêmes reconnaissent qu’il leur faut un certain profil pour ce faire. D’autres en ont, mais comptent les poteaux depuis 2 ans comme ce fut le cas de ce jeune diplômé en Master 2 Environnements, l’honorable député Mamadou Diop Decroix signifiera son étonnement. Autant de choses mises dans la corbeille, les unes plus inquiétantes que les autres. Elles ont été redites au cours du forum populaire ayant eu pour cadre le CEDEPS de Kédougou. L’ONG « La Lumière », comme elle sait si bien le faire, a mobilisé du bon monde. Opérateurs économiques, élèves, activistes de la société civile, jeunes, adultes, tous ont mis en exergue cet incroyable paradoxe. Les membres du Réseau ont pris bonne note. Ils auront suffisamment de matière à l’hémicycle. Mardi, ils poursuivent leur odyssée vers la mine d’or de Sabodala.
[orbit]
Boubacar Dembo TAMBA/www.tambacounda.info/
