Situation du tourisme à Tambacounda : L’État indexé par les hôteliers

 

 

Le tourisme est au ralenti à Tambacounda. Les touristes ne sont plus assidus dans cette région orientale qui faisait jadis valoir ses potentialités socioculturelles. Mais le tourisme culturel ne fait plus venir ses adeptes. La raison n’est pas Ebola, comme d’aucuns l’ont fait croire à un moment, mais plutôt une incapacité de l’Etat à mettre en œuvre une politique touristique efficace. Ce qui a fini aujourd’hui de gangrener le secteur, comme le pensent un certain nombre de gérants d’hôtel approchés à Tambacounda. Ils estiment tous que l’Etat est largement responsable de la situation.

La situation du tourisme n’est pas rose dans la région orientale du Sénégal. L’Etat est largement tributaire de cette situation inquiétante qui menace l’industrie touristique et les établissements d’accueil de touristes. Le constat est fait par des hôteliers. « Le tourisme ne va plus dans la région. La destination n’enregistre plus d’arrivés comme à l’accoutumée. Car les touristes se rendent ailleurs », renseigne Raimond Rodriguez, gérant du Relais de Tambacounda. « Les billets d’avions sont trop chers à cause des taxes aéroportuaires. Les hôtels sont aussi chers à cause des taxes imposées par l’Etat. Du coup, si le touriste découvre une destination moins chère quelque part ailleurs, il s’y rend sans état d’âme. Les gens calculent en termes d’économie. C’est humain », poursuit-il.

« J’ai fait plus de vingt ans à Kédougou avant de venir à Tambacounda, mais la situation du tourisme a complètement changé. Kédougou et Tambacounda sont des destinations culturelles non valorisées par l’Etat qui ne fait aucun effort pour les vendre », renchérit-il. De son point de vue, tout comme celui d’un autre gérant trouvé dans un établissement touristique situé sur l’avenue Léopold Sédar Senghor, l’Etat du Sénégal est entièrement responsable de la décadence du secteur touristique dans notre pays. «La destination Sénégal n’est pas bien vendue à l’étranger. On ne sent pas une politique touristique dans les représentations sénégalaises à l’étranger. Les tours operateurs ne sont pas aussi aidés par l’Etat.

Du coup, ils préfèrent travailler avec d’autres nations plus dynamiques », déclare ce dernier qui a préféré s’exprimer sous le couvert de l’anonymat.

Jadis prisées pour leur potentiel socioculturel, les régions de Tambacounda et de Kédougou enregistraient de nombreux flux de touristes qui visitaient les chutes de Dindéfélo, les manifestations culturelles des Bédik, entre autres. Après la Casamance, minée par le conflit, la Petite côte dont le tourisme balnéaire a fait son temps et Saint-Louis, la région orientale était une destination touristique de valeur. Aujourd’hui, il faut beaucoup d’efforts pour relancer la destination et redonner envie aux touristes d’y revenir. L’engagement de tous les acteurs, dont l’Etat, est donc plus que nécessaire.

Chérif Faye / sudonline.sn /