
Considérés comme principales sources de ressources extérieures des pays en développement, les envois de fonds des migrants dépassent l’aide publique au développement. Leur montant devrait augmenter de 7,8 % en 2014 pour atteindre 496 milliards de dollars, indique la Banque mondiale. Les envois de fonds des travailleurs migrants vers les pays en développement devraient se situer à 496 milliards de dollars cette année, soit une hausse de 7,8 % en comparaison des 404 milliards de dollars enregistrés en 2013, selon la Banque mondiale.
Ces transferts pourraient atteindre 516 milliards de dollars en 2016, à en croire les prévisions révisées et publiées dans la dernière édition de la note d’information de la banque. A l’échelle mondiale, ajoute un communiqué, les envois de fonds devraient atteindre 581 milliards de dollars cette année contre 542 milliards de dollars en 2013 et hausser à 681 milliards de dollars en 2016. Principales sources de ressources extérieures des pays en développement, les envois de fonds dépassent de loin l’aide publique au développement et son beaucoup plus stables que la dette privée et les investissements de portefeuille, indique la Banque mondiale. « Pour de nombreux pays en développement, les envois de fonds sont une importante source de devises – leur montant excède les recettes tirées des principales exportations et couvre une grande partie du coût des importations », lit-on dans le communiqué.
Au Népal, les envois de fonds font près du double des recettes d’exportation de biens et services, au Sri Lanka et aux Philippines, ils représentent respectivement plus de 50 % et 38 %. En Afrique, 20 % du produit intérieur brut du Libéria sont assurés par les envois de fonds. « Non seulement les migrants vivant dans les pays à revenu élevé envoient des sommes importantes dans leurs pays d’origine chaque année, mais ils détiennent également une épargne estimée à plus de 500 milliards de dollars par an. Cette épargne représente une précieuse source de fonds que les pays en développement pourraient mieux exploiter », estime Dilip Ratha, responsable de l’équipe Migrations et envois de fonds du Groupe d’étude des perspectives de développement de la Banque mondiale. La menace des expulsions Un pays comme le Nigéria prépare une émission d’obligations de la diaspora afin de mobiliser l’épargne des migrants et accroitre les financements pour le développement.
Kaushik Basu, premier vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale estime de son côté que « les envois de fonds sont aujourd’hui un élément essentiel de la balance des paiements d’un pays. Il ne fait aucun doute que ces apports sont un antidote à la pauvreté et contribuent à la prospérité ». A son avis, « les données sur les envois de fonds et les migrations sont également des baromètres de la paix et des conflits mondiaux ». Toutes les régions du monde ont reçu des fonds plus importants sauf l’Amérique latine et les Caraïbes et la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Cependant, l’embellie n’est pas à l’abri de risques. Selon la Banque mondiale, les perspectives à moyen terme semblent bonnes pour les envois de fonds, mais leur croissance risque de connaître un ralentissement essentiellement à cause du retour des migrants dans leur pays d’origine en raison d’un conflit ou d’une expulsion du pays d’accueil.
En 2013, on a noté une multiplication des expulsions : l’Arabie Saoudite à elle seule a renvoyé chez eux plus de 370.000 migrants (Ethiopiens, Egyptiens, Yéménites) au cours des cinq mois écoulés depuis novembre de l’année dernière. Aux Etats-Unis, plus de 368.000 personnes, pour la plupart des migrants cherchant à entrer dans le territoire américain et appréhendés à la frontière, ont été expulsés en Amérique latine et dans les Caraïbes. On note aussi une montée de l’hostilité à l’égard des migrants qui semble prendre de l’ampleur en Europe dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, indique la Banque mondiale. La Suisse a voté en référendum en faveur de l’imposition de quotas d’immigration.
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