
Son retour annoncé à Dakar n’était donc pas une rumeur. Après un long séjour à l’étranger, le maire de Thiès et leader de Rewmi a de nouveau foulé le sol de la capitale sénégalaise.Il va y avoir de l’agitation dans le landerneau politique. C’est le retour d’Abdoulaye Wade qui était attendu, mais c’est Idrissa Seck, son ancien Premier ministre qui se pointe le premier à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar.
A peine sa descente d’avion effectuée, le voilà revêtir son manteau d’opposant farouche à Macky Sall dont il critique sévèrement la gestion du pouvoir. Idrissa Seck a tenu à annoncer la couleur: ce sera coup pour coup, étant donné qu’en son absence prolongée, le pouvoir de Macky Sall a fait la pluie et le beau temps, occupé le terrain et multiplié les manœuvres visant à déstabiliser le Rewmi, avec le débauchage de grosses pointures, de responsables politiques ou de simples militants. Une situation aggravée par la démission récente de la dernière directrice de campagne de Idrissa Seck, Léna Sène. Rentrer à Dakar avant Abdoulaye Wade est bien une manière pour Idy d’occuper le terrain politique, donc l’espace médiatique à quelques jours du retour annoncé en grande pompe de l’ancien chef de l’Etat auquel se préparent hâtivement le PDS et ses alliés.
Ainsi, le fils spirituel s’offre en vedette dans les médias, critique le pouvoir et cherche ou trouve des points de convergence avec des partis de l’opposition, le PDS notamment, souhaitant au passage la bienvenue au père spirituel. Macky Sall et son pouvoir devront donc s’attendre à des déclarations fracassantes, lesquelles n’ont pas tardé. C’est déjà à sa descente d’avion qu’Idrissa Seck a commencé ses critiques acerbes qui peuvent avoir l’effet d’une bombe sur un pouvoir qui pourtant, avait réussi à amadouer ses opposants, à faire taire les intellectuels, à multiplier les manœuvres d’intimidation par la répression policière, les interdictions de manifestations publiques, les interdictions formulées à des responsables politiques de quitter le pays, par l’argument de la traque très sélective des biens mal acquis dont le mérite est aussi d’avoir réduit au silence des voix jadis audibles.
Pour le maire de Thiès, la campagne électorale, c’est maintenant: le Plan Sénégal Émergent, ce «n’est pas sérieux». Il relève d’un «cirque organisé à Paris à coup de centaines de millions pour célébrer une vision qu’il (Macky Sall : ndlr) a achetée à un cabinet privé à coup de milliards». Mais Idrissa Seck ne montre aucun signe de faiblesse. Il attaque, cogne et tance ses détracteurs, ses adversaires politiques qui assimilent son silence à la maladie. «La seule chose qui me rende malade, c’est la carence de Macky Sall et de son gouvernement à prendre en charge correctement les préoccupations des Sénégalais», dit-il. En attendant les plateaux de télévisions et la Une des journaux de la semaine, on parlera sans doute d’Abdoulaye Wade, mais Idy a déjà réussi à catalyser les attentions sur sa personne avec ce retour que l’on pourrait qualifier de précipité, de savamment calculé.
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