Diatta Sall, victime des violences universitaires du 14 août : «Les policiers ont défoncé la porte et commencé à nous bastonner. J’ai sauté par la fenêtre du premier étage…»

C’est le cœur lourd que Diatta Sall, 29 ans, originaire de Foundioune et étudiant en deuxième année d’Espagnol à la Faculté des lettres relate les évènements du 14 août à l’Ucad, un jour où sa vie a basculé, lui et ses camarades étudiants, pris dans la furie des violences policières qui ont côuté la vie à un des leurs, Bassirou Faye.

Je faisais partie des étudiants blessés.
Pourtant je ne faisait pas partie des manifestants, puisque je ne loge pas à l’université. Je vis aux Parcelles assainies avec ma tante et mes frères», confie, dans “Cahier Vacances” de l’Observateur, l’étudiant qui a été clîitré, cinq mois durant, dans une chambre où il faisait ses besoins, sur place.

«Ce jour là, après les cours, comme j’étais fatigué, je suis passé chez des amis qui logent au pavillon B à la chambre 8, pour me reposer. Quand les échauffourées ont commencé, les policiers sont montés au premier étage et ont commencé à défoncer les portes. Lorsque nous avons entendu le bruit derrière la porte, nous avons pris les lits et la table pour bloquer l’accès, mais les policiers ont déverrouillé la serrure. Nous étions pris au piège… Ils ont commencé à nous bastonner.

Dans un instinct de survie, j’ai sauté par la fenêtre du premier étage de l’immeuble. Je suis tombé sur une dalle. Je me suis fracturé les deux jambes. Je ne pouvais plus bouger. Quand j’ai vu d’autres policiers courir vers moi, je pensais qu’ils venaient me sauver. A ma grande surprise, ils me battaient à coups de matraques en m’insultant. Je leur disais que j’étais blessé. Mais c’était peine perdue. Comme des sourds, ils continuaient à me rouer de coups. Ils m’ont traîné comme un malpropre, alors que j’étais sans défense», narre l’étudiant selon qui la scène a été filmée. «J’ai la vidéo et je détiens toutes les preuves de cette agression. J’en ai fait plusieurs copies et les policiers qui ont fait cela sont bien visibles», dit-il, non sans réclamer justice.

Je suis resté 5 mois immobile.

J’avais perdu l’usage de mes deux jambes, j’étais dans une chambre où je faisais tous mes besoins. En plus de cela, j’avais la tête fracturée, les médecins m’avaient fait des points de suture», confie, amer, Diatta Sall alors hospitalisé à Grand-Yoff, Hoggy. «Depuis lors, j’ai constamment des maux de tête et je traîne le pied gauche».
Il dit ne pas comprendre que son cas, l’un des plus préoccupants, ne soit pas pris en charge par les autorités du Coud, par l’Etat. «Certains ont été évacués e France, ceux qui étaient internés à l’hôpital Principal ont reçu du chef de l’Etat la somme de 5 millions de FCFa. Et personne ne parle de moi. Les autorités ne sont même pas venues me voir et cela me fait trop mal», conclut Diatta Sall dont le seul rêve est de poursuivre ses études. Et de se soigner.

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