Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) sonne la mobilisation pour réserver, le 23 avril prochain, un accueil monstre à son mentor, Me Abdoulaye Wade, qui avait quitté Dakar quinze mois plus tôt. L’accueil sera, clament haut et fort les responsables du PDS, à l’image du retour triomphal de l’opposant Wade, le 27 octobre 1999. Il était parti en France au lendemain de la défaite de son parti aux législatives du 24 mai 1998 à l’issue desquelles le PDS n’avait obtenu que 23 sièges sur 140 contre 93 au Parti Socialiste.
Une autre guerre des chiffres va sûrement naitre le 24 avril, au lendemain de l’arrivée de l’ancien président de la République dont le timing du voyage au Sénégal, suite à l’annonce du renvoi du dossier de son fils Karim devant la justice, n’est pas un hasard.
En octobre 1999, il avait été accueilli par une marée humaine. Il n’y avait pas de guerre des chiffres à cette époque parce que tout Dakar, partisans comme adversaires, avait reconnu que l’accueil était exceptionnel. Il avait fait si peur en haut lieu que les images n’avaient pas été montrées à la RTS bien qu’une équipe de la télévision nationale s’était déplacée pour faire le reportage.
« J’ai déjà remporté le premier tour. Si Diouf était suffisamment informé de ce qui se passe ici, je vous assure qu’il renoncerait à se présenter. Je vous donne rendez-vous le 28 février 2000 à 8 heures du matin au palais de la République », déclarait Wade à son arrivée à Dakar ovationné par des centaines de milliers de partisans et sympathisans.
Costume gris, chemise bleue, cravate rouge, Me Abdoulaye Wade, le Secrétaire général national du PDS, debout dans un véhicule décapotable devant la permanence de son parti à Colobane, au milieu de dizaines de milliers de ses partisans déchaînés, aux alentours du crépuscule, était aux anges. L’accueil était triomphal, il lui avait fallu 3 heures pour parcourir la distance qui sépare l’aéroport de son ancien QG.
Me Wade réussira-t-il le même coup ce 23 avril ? L’enjeu n’est plus le même car il n’a plus la capacité de faire et défaire des carrières. A l’annonce de son retour, la famille libérale, disloquée après la défaite de mars 2012, tente de se ressouder en rappelant les grands mobilisateurs d’antan comme Pape Diop, leader de Bok Gis Gis qui, bien qu’ayant quitté le navire libéral, a reçu un coup de fil du Pape du Sopi pour participer à l’accueil avec ses troupes. Entre temps, pour affaiblir son ancien camp, Macky Sall ne se gêne pas de pêcher de gros poissons dans la mare libérale. Omar Sarr, à qui Wade avait confié les destinées de son parti, est loin de faire l’unanimité. Les seuls éléments mobilisateurs sont à ce jour l’affaire Karim Wade et l’arrivée du père.
En terme de mobilisation, le PDS ne se réfère curieusement pas à son méga meeting tenu sur la VDN, le 23 juillet 2011, où il affirmait avoir réuni des millions de personnes acquises à la réélection d’Abdoulaye Wade en 2012.
« Je suis prêt à soutenir, pour la postérité, qu’il y avait trois millions de personnes ! » répondait le coordonnateur de la CAP 21, Iba Der Thiam, interrogé par Alassane Samba Diop et Barka Bâ sur le plateau de TFM.
« Dakar fait près de 5,6 millions d’habitants, on a réuni 2 à 3 millions de personnes qui se sont effectivement déplacées, je n’ai jamais vu une telle foule ».
« Je suis prêt pour la postérité à soutenir qu’il y avait 3 millions de personnes ». Barka Ba lui fait remarquer que c’est l’équivalent du nombre de pèlerins à la Mecque. Il répond tout simplement : « tout à fait ».
Poursuivant son propos, Iba Der Thiam laissait entendre : « Il y avait des gens qui étaient à Cambèrene, dans leur bus, qui ne pouvaient pas avancer, ces gens là ont écouté le meeting dans leur bus, à travers les radios. Des gens de Cambérène sont venus chez moi me dire qu’ils n’ont pas pu bouger de leur maison parce que leur car ne pouvait pas avancer, nous sommes en Carème (Ramadan) et j’ai jeuné ».
Le « Peuple du Sopi » du 27 octobre 1999 et du 23 juillet 2011 fera-t-il mieux le 23 avril 2014 ? Wait and see.
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