Sidy Diallo est parti trop vite…

Sidy Diallo s’en est allé en nous laissant un riche héritage de sa brève et intelligible pratique artistique. Il est admis que le décès d’un artiste est toujours assez durement ressenti car il est « comme une bibliothèque qui brûle », surtout quand il déborde d’imagination créatrice comme le jeune Sidy qui vient d’être inhumé ce lundi 24 août 2015 au cimetière Médinacoura de Tambacounda, sa terre natale.

Il y a onze ans, Sidy et venu me voir à Tambacounda pour me parler de son intérêt pour les arts plastiques et son désir d’y exceller. Le 13 décembre 2004, je l’invitais avec son ami Cheikh Dembélé à prendre part à la 4e édition du projet TGD à Tambacounda. Les deux jeunes avaient décoré un pan du mur du stade régional de Tambacounda. Le travail fût magnifique même s’il manquait de maturité. Ainsi, nous gardâmes le contact.

En 2005, passant mes vacances à Tambacounda, sa maman, Ndèye Camara est venue me trouver au Centre Culturel qui se trouvait à l’époque vers le commissariat de police de Tambacounda pour me dire « Ousmane, j’aimerai te confier mon fils. Il est passionné d’art et mon souhait est qu’il suive tes pas et je voudrais que tu sois son guide ». Ayant une discussion franche avec Sidy, je lui suggérais de se former à l’Ecole Nationale des Arts de Dakar afin de s’armer et pouvoir faire face au monde de l’art qui devient de plus en plus exigeant. Il me promit d’y aller après le Baccalauréat. Ce qu’il fit en 2009 car il m’informa dès son admission. A cette époque, j’étais en train de préparer la 8e édition du projet TGD qui devait avoir lieu à Dakar. Je mis Sidy dans le groupe des dix jeunes artistes que j’avais invités. Ainsi il participa brillamment à cette édition du 25 décembre 2009 au 5 janvier 2010. Ce fût sa première occasion de montrer son travail dans un lieu reconnu qui était le Musée de l’Ifan de Dakar. Il participa au workshop au côté d’une grande artiste américaine Kaaren Patterson. Cette dernière me confia à la fin du projet que Sidy était un artiste à encadrer et à suivre car il avait un talent fou, à la limite inestimable.

Lorsqu’il fût sélectionné à la Biennale de Dakar l’année dernière, je lui avais adressé des encouragements ainsi que des conseils. Et quand il décroche le prix OIF 2014 de la biennale, je me suis dit « sa ma diane wacc na », mission accomplie, surtout à l’égard de sa très chère maman.

Le 6 mars dernier, après le vernissage de mon exposition à la Ray Gallery de New York, j’ai échangé avec une amie américaine qui souhaitait inviter Sidy aux Etats Unis pour une résidence. Ensemble, nous étions en train de voir comment organiser ça pour lui et par la même occasion, tenir une exposition à Genève. Le Tout Puissant en a hélas décidé autrement.

J’adresse mes sincères condoléances, les plus attristées d’ailleurs, à sa famille, à la population Tambacoundoise ainsi qu’à tous ses amis. Je sais qu’ils sont durement éprouvés par cette perte cruelle. Nos pensées ne vous quitteront jamais en cette douloureuse circonstance tout en espérant que le temps effacera rapidement la douleur et inscrira à jamais dans vos cœurs le souvenir des bons moments passés avec lui.

Repose en PAIX l’artiste

Ousmane DIA, Gestionnaire et médiateur culturel, Artiste plasticien et enseignant d’arts-visuels à Genève/