
Bandjim Bandoum a apporté, mardi, des précisions sur les événements qui ont entraîné l’instabilité au sud du Tchad, durant le règne de Hissein Habré. Il a, par ailleurs, expliqué aux juges des Chambres africaines extraordinaires (Cae) l’origine des événements dits « Septembre Noir » et les massacres perpétrés sur les ethnies Hadjaraïs et les Zaghawas.
A cet effet, dit-il, toutes les unités étaient déployées au sud pour traquer les Codos. Ces derniers utilisaient leurs armes et avaient comme tactique, les embuscades. « Les forces loyales à Hissein Habré ont estimé que les habitants de ces villages étaient des rebelles. Elles ne cherchaient pas à comprendre, elles brulaient toutes les choses qui se trouvaient sur leur chemin. Quand les militaires arrivaient dans un village, ceux qui n’étaient pas tués étaient arrêtés et interrogés », poursuit-il.
“Nettoyage ethnique des Hadjaraïs et Zaghawas”
Concernant, la répression menée contre l’ethnie Hadjaraïs ou des Zaghawas, Bandjim Bandoum a révélé aux juges qu’il avait un rôle déterminant à jouer dans le processus d’arrestation de ces deux ethnies. « La Dds locale a joué un rôle sur l’arrestation des Azaraïs. J’avais un rôle à jouer dans le processus », confie-t-il. Pour lui, Hadjaraïs et Zaghawas ont toujours soutenu Hissein Habré. Mais, lorsque Idriss Miskine, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, a commencé à lui faire de l’ombre, Habré a commencé à se méfier de lui. Ce dernier est décédé dans les conditions mystérieuses. C’est alors que sa communauté a réagi et des arrestations tous azimuts des membres de l’ethnie Hadjaraïs ont suivi. « Les membres importants de la communauté Hadjaraïs ont été arrêtés. Saleh Younouss dirigeait la commission chargée d’arrêter les Hadjaraïs et de mener les auditions de ces derniers. En octobre 1986, après la mort de Idriss Miskine, Maldoum Bada avec d’autres Hadjaraïs ont formé un mouvement d’opposition clandestin, le Mosanat, dont la base se trouvait dans la région de Guéra, au centre du pays », dit-il.
En ce qui concerne les Zaghawas qui ont été ses fidèles compagnons de Habré, ils ont été soupçonnés de comploter contre l’ancien Président tchadien le 1er janvier 1989. Plusieurs, d’entres eux ont pris la fuite par crainte d’être arrêtés, notamment Hassan Djamous, qui fut chef d’Etat major de l’armée, Ibrahim Itno et Idriss Déby Itno, conseiller militaire de Habré. « Hassan Djamous et Ibrahim Itno ont trouvé la mort après leurs captures, mais Idriss Déby s’est réfugié au Soudan avant de créer une armée avec le soutien des Zaghawas soudanais, lybiens pour combattre Habré », explique le témoin.
Fara Mendy / leral.net /