
Abdoulaye Mballo est le secrétaire général de l’Inspection de l’Education et la Formation (IEF) de Bakel. Dans cet entretien accordé à soninke.tv, il fait le point sur la situation de l’école dans le département, après la rentrée des classes mercredi dernier. Les infrastructures scolaires ne semblent pas être trop affectées par le phénomène des inondations. Mais, le système fait face à un manque criant en personnel et en matériels scolaires. En effet, le département continue de chercher près de 130 enseignants et 5’500 tables bancs supplémentaires. L’inspecteur Mballo évoque aussi la question des abris provisoires, l’introduction des langues nationales dans le système éducatif et les problèmes liés à l’accès à l’informatique pour les élèves dans le département.
INTERVIEW …
La rentrée des classes 2015-2016, au Sénégal, est effectuée pour le corps enseignant et les élèves, respectivement les 05 et 07 octobre derniers. Mais, elle n’a pas été effective dans certaines écoles qui étaient occupées par les eaux de pluies. Quelle est la situation dans le département de Bakel ?
Le 05 octobre nous avions effectué la tournée de la rentrée dans la commune pour faire l’état des lieux s’agissant de la présence effective du personnel et des difficultés liées à cette rentrée. Si les écoles visitées sont désherbées, il reste que toutes les salles de classes n’étaient pas encore prêtes pour accueillir les élèves le 07. S’agissant du taux de présence des enseignants il tournait autour de 85¨% dans la commune de Bakel. C’est vrai que faute de logistique, depuis l’année dernière, nous n’avons pas pu nous rendre hors de la commune pour voir comment cette rentrée est vécue dans les autres communes. Seulement, pour les écoles visitées, des instructions fermes ont été données par l’IEF pour une bonne préparation des salles de classes devant accueillir les élèves.
Dans le département de Bakel, il a été noté des cas d’écoles inondées dans des localités comme Aroundou, Ololdou et Kidira. Quelles sont les mesures prises pour permettre aux élèves de ces établissements de commencer rapidement les cours ?
A la veille de la rentrée on nous a signalé les cas de 02 écoles inondées (l’école d’Ololdou et celle de TMD à Kidira) et une classe affectée par les eaux à Aroundou. Maintenant, il est possible qu’avec la rentrée et la présence des directeurs sur le terrain que nous soyons informés de d’autres cas. Seulement, avec la situation actuelle nous avons demandé aux directeurs des écoles concernées, en rapport avec les comités de gestion des écoles (CGE), de se rapprocher des élus de leurs communes pour voir ce qu’il est possible de faire dans l’immédiat en terme d’actions concrètes avant le CDD de la rentrée qui aura lieu le 20 Octobre. Cette rencontre n’avait pu se tenir à la date initiale pour des raisons justifiées.
Quelles sont les difficultés majeures auxquelles vous êtes confrontés en ce début d’année scolaire ?
C’est le CDD de rentrée qui va servir de tribune pour faire une revue des problèmes et éventuellement trouver des solutions aux difficultés. Toutefois, pour les difficultés déjà constatées en ce début d’année, on peut mentionner, entre autres, l’insuffisance du personnel enseignant et le retard de la mise sur pied des abris.
Dans beaucoup de départements dans le pays, les complaintes les plus récurrentes, dans le secteur de l’éducation, concernent l’insuffisance d’établissements scolaires et /ou de salles de classes, mais aussi, le manque de tables-bancs et d’enseignants. Jusqu’à quel niveau le département de Bakel est touché par ce déficit ?
Malgré les efforts immenses de l’Etat, des problèmes demeurent dans toutes les circonscriptions, et Bakel en tant que périphérie ne fait pas exception à la règle. Nous avons une expression de besoin de 5500 tables-bancs ; la présence de 24 abris provisoires ; la demande d’ouverture de 02 écoles élémentaires (à Kanda et à Kounghany ) et de 03 collèges (à Sébou , Manael et Galladé) mais aussi et surtout un déficit d’enseignants. En effet, Bakel est une zone où chaque année nous avons beaucoup plus de départs que d’arrivées. Aujourd’hui, nous avons un gap à combler de101 enseignants en français à l’élémentaire sans compter cette année le départ de 13 professeurs qui ne sont pas encore remplacés et le besoin exprimé de 25 enseignants en langue arabe à l’élémentaire.
L’Etat avait décidé d’introduire les langues nationales dans le système éducatif. Qu’est-ce qu’on peut retenir de cette expérience à Bakel ?
C’est vrai qu’avec le nouveau projet Ecole et langues nationales en Afrique (ELAN) qu’accompagne l’organisation de la francophonie et qui ne concerne que la langue wolof (ELAN pilote) pour une dizaine de classes, l’Etat a élargi cette expérience à 6 autres langues pour vingt autres classes (ELAN initial). Bakel bénéficie dans le cadre de la deuxième phase de ELAN initial de 02 classes de CI. Du 28 Septembre au 02 Octobre, les maîtres et directeurs des écoles concernées ont bénéficié d’une formation initiale à Dakar.
Espérons que cette deuxième phase ne sera pas comme la première qui est restée sans suite après la formation des acteurs faute de mesures d’accompagnement, de documentation et de contractualisation pour maintenir les enseignants formés à leur poste. Je rappelle qu’en 2002 l’introduction des langues dans des écoles du département de Bakel, du CI au CE2, avait permis aux élèves qui avaient bénéficié de cette expérience d’avoir un bon niveau d’expression en français .D’ailleurs la quasi-totalité de ces élèves avaient réussi à l’entrée en sixième une fois au CM2. Personnellement je fais partie de ceux qui convaincus qu’aujourd’hui, la maîtrise rapide de la lecture passe par l’introduction du bilinguisme à l’école.
Il est aussi de plus en plus question de la familiarisation des élèves avec l’outil informatique, qu’en est-il pour le département de Bakel ?
C’est vrai qu’aujourd’hui l’outil informatique est devenu incontournable dans l’environnement scolaire. On peut même dire que c’est un intrant pédagogique pour améliorer la qualité des enseignements apprentissages. Cependant, malgré son importance, il faut reconnaître que nos élèves à l’élémentaire ne sont pas encore habitués à l’usage de cet outil dans nos écoles. Mais, sa pratique est effective au niveau de certains collèges où les élèves sont encadrés par leurs professeurs moyennant une somme symbolique. Cependant, ce qu’il faut déplorer, c’est qu’avec les collèges de proximités beaucoup d’élèves n’ont pas accès à l’informatique faute d’électricité dans ces établissements.
Soninke.tv