Free man, une valeur sûre du rap Tambacoundois

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Il est jeune, lucide, travailleur, intellectuel et rappeur. A 22 ans, Bocar Niang, alias Free Man, incarne la nouvelle génération de rappeurs à travers la région de Tambacounda. Elève en classe de 1ère au lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda, Free Man allie ses études et sa passion de manière harmonieuse. Pour lui, la musique ne doit pas être un obstacle aux études. Tambacounda.info a rencontré ce jeune qui nourrit de grandes ambitions pour sa région natale.

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« J'ai commencé à faire du rap en 2003, mais il est vrai que j'ai toujours aimé chanter, comme beaucoup de jeunes Tambacoundois ».  Pourquoi le rap ? « Pour moi c'est une des musiques les plus proches de la jeunesse et on l’observe au plan mondial. Le rap est une forme d'expression artistique à travers laquelle on dénonce les failles dans la société comme les injustices que le bas peuple subit en général. Dans mes chansons, des thèmes reviennent souvent : la cherté de la vie, la pauvreté, l'émigration clandestine, la réinsertion des enfants de la rue, … ». Ce rappeur engagé se produit en solo sous son label du nom de « Free Label ». Auteur de ses textes, il relève : « A travers le rap, je comprends mieux la valeur de l'instruction. C'est un privilège de pouvoir créer ses propres chansons sans recourir à une tierce personne pour l'écriture. Si Dieu le veut, je me battrais pour accéder à l'université. »

La lucidité, le courage et la persévérance de Free Man sont frappants, il est animé par une folle envie de réussir. En août dernier, il était en tournée en Gambie, où il pu témoigner de la richesse culturelle tambacoundoise par le biais de ses prestations.

Et la situation d’un rappeur à Tamba? « Pas du tout facile. D'abord à cause de l’enclavement de la région qui nous porte préjudice à tous les niveaux. Nous sommes toujours les derniers à être au courant des concours organisés par le ministère de la culture ou des possibilités de workshop. Au plan matériel et des infrastructures, tout est concentré à Dakar. Au niveau local, il n'y a quasiment pas de soutien de la part des autorités politiques ou des administrations en charge de la culture et un véritable problème d'infrastructures se pose pour les arts de la scène. Enfin, les rappeurs sont facilement assimilés à des voyous ou des feignants. Nous devons nous battre contre ces préjugés en essayant d'être cleans et ambitieux. »

Bocar organise chaque année à Tambacounda un festival intitulé « Tambacounda hip hop ». Cette manifestation rassemble plusieurs groupes de rap locaux et parfois des invités au plan national. L'objectif premier de ce festival est la promotion de la région de Tambacounda à travers les opportunités qu'il offre aux jeunes talents qui y prennent part. Bocar souhaiterait développer des contacts au niveau international afin de pouvoir inviter des rappeurs de la diaspora à Tambacounda : « Je lance un appel à mes frères et soeurs de la diaspora tambacoundoise pour qu’ils nous connectent avec des musiciens et promoteurs du lieu où ils résident dans le but d'échanges artistiques et culturels».
Dans l’immédiat, jusqu'au 25 avril, une compétition de « battle rap » et de danse est organisée par Bocar à l’attention des collèges et lycées de la commune.

A quand un album de Free Man ? « Dès 2010, si tout va bien, mon premier album sera disponible. J'y travaille lentement mais sûrement, ce n'est pas une course de vitesse. La musique c'est toute une vie, autant assurer un super album qui tournera pendant longtemps que d'en sortir un chaque année qui finira aussitôt dans les oubliettes. En ce moment, j’établis des contacts à l'étranger et je suis très optimiste quant à mon futur dans la musique. ».

Tambacounda.info souhaite courage et bon vent à un jeune dont l'avenir semble prometteur.