Transformation du fonio : 80 machines à décortiquer bientôt dans les zones productrices

Pour faciliter la transformation du fonio, 80 machines à décortiquer seront bientôt acheminées dans les zones de production de cette céréale. Le projet a été lancé dimanche à Vélingara, à l’occasion de la journée national du fonio.

Sanoussi Diakité et ses partenaires ont procédé dimanche dernier au lancement du projet de diffusion à grande échelle de la machine à décortiquer le fonio. Financé par le fonds national de recherche agricole et agroalimentaire (Fnraa) à hauteur de 300 millions de francs sur 3 ans, ce projet vise à diffuser la machine dans les régions productrices de Kédougou, Kolda, Sédhiou et Tambacounda. A terme, elle sera fabriquée en 80 exemplaires en version thermique, c’est-à-dire fonctionnant avec de l’essence et sera installée dans les communes des 4 principales régions productrices de la céréale. Selon M. Diakité qui présentait le projet aux participants de la Journée nationale du fonio de Vélingara, «les organisations responsables seront formées à la gestion, à la manipulation, à la maintenance de la machine, de même qu’à la tenue d’un compte d’exploitation». Selon toujours l’inventeur de la machine, M. Diakité, le lycée technique et industriel Maurice De Lafosse se chargera de la fabrication des machines, de la peinture, de la mise à l’essai et de leur réception dans un site aménagé par l’équipementier Dpk (Diakité Kaba production).

Un projet «Une Asc, un champ de fonio» en gestation
A l’occasion de cette  6ème édition de la Journée nationale du Fonio, des producteurs des régions de Kédougou, Tambacounda, Sédhiou et Kolda (principale productrice du fonio au Sénégal), de même que leurs pairs de la Guinée Conakry s’étaient retrouvés dans cette ville de la région de Kolda pour des moments de «sensibilisation, de communication et d’échanges de savoirs sur cette céréale savoureuse aux vertus thérapeutiques reconnues par des techniciens de l’Institut de technologie alimentaire (Ita) et de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra)», selon des informations fournies par Sanoussi Diakité, directeur de l’Office national de la formation professionnelle (Onfp) et initiateur de la journée qui a pour thème «Diffusion et transfert de connaissances et de technologies sur la filière du fonio». Le président du Conseil départemental de Vélingara, Ibrahima Barry, parrain de la journée, a insisté sur la facilité de production de cette céréale (pas exigeante en eau et en intrants chimiques) aux grandes vertus diététiques et dont la machine à décortiquer devra faciliter la production, compte non tenu du prix d’achat attractif d’au moins 1 000 francs le kg. M. Barry a pris l’engagement d’accompagner toutes les initiatives allant dans le sens de la production en quantité du fonio. Auparavant, El Hadji Abdoul Aziz Mbengue, 2ème adjoint au maire de Vélingara, par ailleurs président de l’Organisme départemental de coordination des activités de vacances (Odcav) a pris l’engagement d’initier le projet «Une Asc, un champ de fonio».
Le secrétaire d’Etat chargé de l’accompagnement et de la mutualisation des organisations paysannes, Moustapha Lô Diatta, dans son speech, a ainsi encouragé les producteurs de fonio à persévérer et à produire plus pour assurer leur propre sécurité alimentaire, car ayant la conviction que «l’indépendance alimentaire est la plus précieuse des indépendances».
Les participants à la journée ont eu l’occasion, pour ceux qui l’ignoraient encore, de s’assurer que le fonio pouvait bien remplacer le mil et le riz dans la préparation de tous les plats sénégalais comme le thiébou yapp, le yassa, le mafé, le thiakry et le fondé  qu’ils ont bien dégustés.

La distribution du fonio demeure un défi
Cependant, la distribution pose toujours problème. Mohamed Cissé de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen) renseigne : «Le fonio ne se trouve pas dans les grandes surfaces des centres urbains du Sénégal. Alors qu’il se retrouve dans les stands de Paris. Ce n’est pas normal. La promotion de la transformation et de la production doivent aider à promouvoir sa distribution pour la production à grande échelle de cette céréale.» De l’avis du consumériste, «il y a un changement de paradigmes, ce n’est plus la production qui booste la consommation, mais c’est plus la consommation qui encourage la production. Quand un producteur se rend compte que sa production n’est pas consommée, il se décourage et se déporte vers d’autres spéculations.»

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