
Le visiteur qui débarque pour la première fois à Lima est fortement impressionné par l’ordre et la discipline des citoyens péruviens. Peu loquaces et travailleurs, ils ont su imprimer à leur pays une belle image qu’avec une bonne organisation et de la méthode, l’on pourrait faire bouger es lignes dans le sens de l’émergence.
De l’aéroport international Jorge Chavez au BHT, une heure de tacot, le décor est le même. De somptueuses bâtisses avec un style architectural digne d’un millénaire de révolution scientifique et technologique, des pittoresques espaces verts, des routes biens dégagées avec partout des trottoirs libres, des passages cloutés bien respectés, des feux savamment calibrés à chaque centaine de mètres que personne n’ose brûler, une propreté rarement égalable, des structures de santé ultra modernes, des équipements marchands à vous couper le souffle, des garages mécaniques superbement organisés, des chauffeurs de taxi d’une politesse et d’une gentillesse à la limite déroutantes, des limiers bien habillés avec une impressionnante logistique, des ministères mieux lotis que certains de nos palais présidentiels bref, des avancées qu’il ne nous était pas donné de croire. Même le ministre sénégalais en charge des mines et de l’industrie, Aly Ngouille Ndiaye l’a reconnu.
Ces performances, les péruviens le doivent en partie à l’ordre et à la discipline érigés ici en sacerdoce. Au Pérou, si vous avez 18 ans, le vote est obligatoire. Vous ne le faites pas, vous payez une amende de 132 soles, environs 22 000 de nos pauvres francs. Ici, l’on ne passe guère des mois à discuter de politique. Le mandat de 5 ans du président Ollanta Humala court jusqu’au 28 juillet prochain, et juste avant, la dizaine de partis politiques va à la conquête des suffrages. Après la modification de l’article 112 de la constitution de 1993, personne ne peut être réélu consécutivement. Vous faites ce que vous avez à faire et vous partez au bout de 5 ans, quelles que soient vos performances.
Ce qui impressionne aussi au Pérou, c’est la transparence dans la répartition des fonds issus de l’exploitation des ressources minérales, de l’argent utilisé à bon escient pour améliorer de façon durable les conditions de vie des populations, surtout celles directement impactées par opérations. Même les budgets des communes sont publiés tout comme les dépenses effectuées et les secteurs auxquels ils sont destinés. Le citoyen n’attend pas qu’on lui demande d’accomplir ses devoirs, il s’empresse de le faire parce qu’il voit où va ce qu’il paye. Et pourtant Sentier Lumineux et Tupac Amaru, deux guérillas, ont sévi ici et fait des dizaines de milliers de victimes et cela a été géré par une Commission Vérité et Réconciliation.
Un autres Sénégal est possible, car le Pérou, au plan économique et en Amérique Latine, ne vient qu’après le Brésil, le Mexique, l’Argentine, la Colombie et le Chili. Nous n’avons un pays aussi étendu que la RDC, nous n’avons pas de montagnes ni de désert, nous avons fort heureusement de l’eau, des terres, du soleil, du vent, des ressources humaines de qualité, une population jeune, travaillons et parlons peu, le temps file car, depuis plus d’un demi siècle d’indépendance, nous parlons des mêmes choses : routes, hôpitaux, eau potable, écoles, électricité, pauvreté, jusqu’à quand ?
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Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /