
La réhabilitation des sites miniers pose par endroits des difficultés, même aux Etats Unis, l’Etat fédéral était obligé, avec les « Super Funds » d’intervenir pour pallier la carence de certaines entreprises minières et procéder à la réhabilitation des sites laissés comme tels. Au Sénégal, la première entreprise minière à exploiter de façon industrielle l’or de Sabodala se veut un modèle en la matière. Sabodala Gold Operations (SGO), rassure les plus sceptiques en optant pour la réhabilitation progressive, à travers un plan dynamique et adaptable savamment conçu et en nouant un partenariat avec les services techniques compétents. A travers cet entretien avec Marième Sène Diène, superviseur au département « Environnement et relations communautaires » de SGO, lève un coin du voile sur cet ambitieux et réaliste programme de réhabilitation et de fermeture de la mine de Sabodala.
Tambacounda.info : C’est quoi le plan de réhabilitation et de fermeture d’une mine ?
Marième Sène Diène : L’exploitation d’une mine entraine inévitablement une perturbation des milieux naturels, il est donc nécessaire d’élaborer une stratégie permettant de limiter les impacts sur l’environnement à long terme.
Un plan de réhabilitation et de fermeture de la mine est donc un document élaboré dès le début du projet et permettant d’anticiper sur les dispositions qui seront prises pour restaurer toutes les composantes de la mine, ou au moins se rapprocher de leurs états initiaux. Ce plan intègre également une estimation des coûts pouvant être associés aux activités de réhabilitation. Ce document est élaboré en prenant en compte les préoccupations des communautés environnantes, ceci afin de les impliquer au maximum dans le processus de planification de l’après mine.
Notons que les objectifs de réhabilitation peuvent ainsi varier selon les composantes de la mine, et peuvent aller d’un simple réaménagement en vue d’une future utilisation par les communautés, à une revégétalisation complète de la zone, tout en respectant les objectifs de développement durable.
C’est un plan dynamique qui est mis à jour sur une base régulière suivant l’évolution des projets, les essais progressivement réalisés et les préoccupations de l’ensemble des parties prenantes.
Tambacounda.info : Quels sont les grands axes du plan de réhabilitation et de fermeture de la mine de Sabodala ?
Marième Sène Diène : A travers son plan de gestion environnementale et sociale, la société Sabodala Gold Operations s’est engagée à restaurer les zones perturbées par ses activités conformément à la législation sénégalaise, à la convention minière ainsi qu’aux autres pratiques internationales telles que les directives de la SFI ou canadiennes. SGO accorde une importance capitale à ce volet, et étudie toutes les questions sécuritaires, sociales ou environnementales pouvant être liées à la fermeture de la mine. A ce stade, les grands axes du plan de réhabilitation peuvent se présenter comme suit :
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Remodélisation des carrières d’extraction
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Revegetalisation des haldes à stériles et des bassins de résidus
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Utilisation des zones de retenues d’eau pour des activités agricoles
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Démantèlement, transfert ou vente des infrastructures telles que la base de vie ainsi que les ateliers, l’usine de traitement du minerai et la centrale électrique
Des discussions pourront être engagées avec les communautés et les services techniques régionaux pour s’accorder sur le mode de valorisation de chacune des composantes de la mine. Nous parlons de valorisation dans le sens où nous souhaitons rendre utiles au maximum ces infrastructures au bénéfice des populations. Voir naitre de grands projets d’aquaculture, de tourisme ou encore d’activités agro-pastorales diversifiées après l’exploitation de la mine, représente pour nous un objectif majeur. C’est pourquoi SGO travaille avec toutes les parties prenantes et exploite au mieux les conseils de l’Inspection Régionale de Eaux et Forêts (IREF), notamment pour les activités de collecte de semence et les modèles de revégétalisation qui seront adaptés, mais également de la Division Régionale de l’Environnement et des Etablissements Classés (DREEC) qui effectue des missions régulières de suivi de ces activités de réhabilitation.
Tambacounda.info : Comment s’effectue la mise en œuvre, est ce par une réhabilitation progressive ou ce sera à la fin de la mine ?
Marième Sène Diène : La réhabilitation des zones perturbées par nos activités se fait de manière progressive, suivant la disponibilité des zones à restaurer. SGO dispose d’une pépinière située à Mamakhono où sont préparées les semences collectées dans la zone en collaboration avec l’IREF. Notre département Environnement travaille en étroite collaboration avec les ingénieurs du département Extraction pour suivre ces zones disponibles où aucune activité minière n’est planifiée. Nous avons ainsi commencé une revégétalisation sur une partie de la zone de dépôt de stériles qui reste la seule zone disponible actuellement, les autres parties étant toujours actives. Suivant la stratégie retenue, les autres zones telles que les carrières d’extraction, l’usine de traitement ou encore les zones de maintenance, seront réhabilitées à la fin de l’exploitation.
Tambacounda.info: Quels sont les résultats auxquels vous avez abouti déjà ?
Marième Sène Diène : La revégétalisation sur les pentes de dépôt de stériles se fait tous les ans en utilisant des plantes ligneuses et herbacées. Plusieurs espèces y ont déjà été introduites et certaines d’entre elles ont pu résister sur ces pentes. Aujourd’hui nous en sommes à la phase test dans le but d’assoir des modèles bien élaborés pouvant être appliqués lors des futurs programmes. Des études sont également en cours sur les résidus, les résultats nous permettront d’orienter la réhabilitation sur les bassins de résidus aménagés.
Tambacounda.info : Y a-t-il des obstacles de taille qu’il va falloir surmonter ou à votre avis tout est parfait ?
Marième Sène Diène : Nous ne sommes pas confrontés à d’obstacles majeurs pour le moment puisque nous ne disposons pas de grandes surfaces à réhabiliter actuellement. Comme évoqué plus haut, nous en sommes à la phase des tests, qui s’avèrent plutôt satisfaisants. Concernant la revegetalisation des pentes de dépôts de stériles, nous savons d’emblée que nous aurons des difficultés à ramener le milieu à son état initial puisque leurs propriétés ont été modifiées. Notre défi est justement de pouvoir introduire des espèces qui puissent résister dans ce milieu et qui répondent en même temps aux besoins des communautés aussi bien sur le plan socio-économique que sur le plan de la santé.
S’y ajoute la présence massive de babouins sur notre site. Bien sûr, ces animaux font partie de la nature, mais nous sommes en train de réfléchir sur la manière de les éloigner des pentes pendant les programmes de réhabilitation afin de maximiser le taux de survie des espèces à ces endroits.
Entretien réalisé par Boubacar Dembo TAMBA.