500 bio-digesteurs prévus dans la région de Tambacounda

Le Programme national de biogaz du Sénégal (PNB-SN) prévoit, dans sa phase d’extension, la réalisation d’ici 2019 de 500 bio-digesteurs dans des ménages, ‘’daaras’’ (écoles coraniques) et écoles de la région de Tambacounda, a annoncé jeudi son coordonnateur Matar Sylla.

Mis en place en 2010 par le gouvernement pour apporter une solution à l’approvisionnement des ménages en combustible de cuisson, le PNB-SN permet également de produire de l’engrais organique pour le développement de l’agriculture. Après une phase test dans quelques régions du pays, le programme passe à la généralisation.

Avec un bio-digesteur, un ménage peut produire 52 tonnes d’engrais par an avec 10 têtes de bovins. Les tests effectués lors de la phase pilote montrent que l’engrais obtenu du bio-digesteur portait les rendements à l’hectare du mil à 2 tonnes, contre des rendements moyens de 700 kg, ceux du maïs de 2,5 tonnes à l’hectare à 6 tonnes.

Le bio-digesteur est un dispositif composé notamment d’une fosse, d’un mixeur, d’une tuyauterie, d’un réchaud et d’une lampe à gaz. Il permet d’extraire du gaz d’une solution obtenue en malaxant de la bouse de vache mélangée à de l’eau. Le groupe Bamtaare Services, filiale de la Sodefitex, est chargé de la mise en œuvre du programme dans la région, en relation avec les services déconcentrés, les services techniques de l’Etat, ainsi que les partenaires au développement.

Bamtaare assurera le contrôle des bio-digesteurs qui seront réalisés par des entreprises agréées, et qui ne pourront entrer dans leurs fonds qu’avec son visa, a expliqué Goulé Guèye, responsable de Bamtaare.

Il appuiera également l’installation de 150 jardins de case, la création d’entreprises de vente d’engrais organiques et contribuera à la vulgarisation des bio-digesteurs à travers des émissions sur l’antenne régionale de la RTS et les trois radios communautaires de la Sodefitex, a-t-il ajouté. A ce jour, 11 des 58 demandes de biogaz déjà reçues ont été validées, a dit M. Guèye.

‘’Le programme essayera d’installer dans la région au moins 500
bio-digesteurs, ce qui permettra à 500 ménages de disposer de combustible alternatif de cuisson et la production de 26.000 tonnes d’engrais par an’’, a dit Matar Sylla, au terme d’un CRD de lancement.

Le PNB-SN envisage de réaliser 10.000 bio-digesteurs dans l’ensemble du pays sur le période 2015 à 2019. Pour avoir un bio-digesteur, il faut en moyenne avoir huit à 10 têtes de bœufs en semi-stabulation, en d’autres termes des animaux qui vont au pâturage le jour, pour venir passer la nuit dans un enclos derrière la maison.

Le bénéficiaire doit aussi s’engager à fournir le matériau local de construction, à savoir du gravier et du sable de ramassage, mais également accepter de creuser le trou sous forme de fosse. Tout cela est évalué en nature à 20% du coût du biodigestgeur, les 80% restants sont supportés par une subvention de l’Etat qui permettra l’achat du ciment, de la tuyauterie, du mixeur, etc.

D’un coût global de 512.000 par ménage, le bio-digesteur est subventionné par l’Etat à hauteur de 400.000 francs. Le demandeur de bio-digesteur doit aussi disposer d’une cuisine en dur, ou en banco pour garantir une utilisation sécurisée de l’outil.

L’inspecteur régional des eaux et forêts, le colonel Papa
Assane Ndiour a salué l’importance de ce programme, notamment dans la région de Tambacounda qui fournit 50% du charbon produit dans le pays, soit environ 50.000 tonnes par an. Cette initiative permettra de protéger la forêt et de permettre à la région de continuer à jouer ce rôle, a-t-il estimé.

Il a suggéré aux responsables du PNB-SN de prendre en compte l’expérience déjà mise en œuvre dans ce domaine par le PROGEDE 2 comme à Dialacoro.

‘’S’il y a une zone où ce programme fera tache d’huile, c’est la zone des bananeraies de Gouloumbou, car le système de production s’y prête’’, a estimé le directeur régional du développement rural Samba Ndao Tall. Il a recommandé au responsable du programme de s’approcher de l’Association des producteurs de banane du fleuve Gambie (APROVAG) et du Collectif régional des producteurs de banane de la région de Tambacounda (CORPROBAT).

L’adjoint au gouverneur Ahmed Tidiane Thiaw, qui présidait ce CRD de lancement, a relevé, outre les opportunités agricoles, économiques, de création d’emplois, de résilience alimentaire qu’offre le programme, ses bénéfices en termes de santé et de salubrité du cadre de vie.

ADI/ASG / APS /