SIERRA LEONE: Une équipe anti-Ebola place des cadavres en pleine rue

Des personnels impliqués dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola à Kenema, dans l’est de la Sierra Leone, ont été licenciés pour avoir abandonné des corps dans les rues à l’occasion d’une grève, a-t-on appris mardi 25 novembre de source officielle.

Des membres des équipes anti-Ebola chargés de récupérer des corps et de les enterrer ont observé lundi une grève d’un jour pour réclamer le paiement de primes de risque.

En signe de protestation, certains ont transporté des corps d’une morgue pour les abandonner dans les rues, devant des bureaux de responsables du secteur de la santé, selon des résidents de Kenema joints par l’AFP, qui ont parlé d’une trentaine de personnes impliquées dans le mouvement.

«Déplacer des corps pour revendiquer de l’argent»

Le chef du Centre national de lutte contre Ebola (NERC), Palo Conteh, a évoqué un mouvement d’humeur de volontaires du ministère de la Santé chargés des opérations d’enterrement à Kenema, qui ont «déplacé des corps pour revendiquer de l’argent».

Les grévistes «ont ignoré la dignité et le respect dus aux morts. Je ne suis pas contre le fait qu’ils arrêtent le travail, mais cela est inacceptable. Nous allons les payer jusqu’à ce vendredi, mais nous n’avons plus besoin de leurs services», a déclaré Palo Conteh devant la presse à Freetown, la capitale.

«Ils ont été remplacés par des militaires qui ont pris la direction des opérations d’enterrement» et travailleront en collaboration avec des équipes de civils de la Croix-Rouge, qui formera d’autres groupes pour ces mêmes missions, a-t-il ajouté.

Blocages et grèves dans des conditions extrêmement difficiles

D’après les témoins, des protestataires ont bloqué la voie à un camion militaire dépêché pour ramasser les corps. Puis, après discussion avec les soldats, ils ont levé le blocage.

Le 12 novembre, plusieurs dizaines d’employés locaux d’une clinique gérée par Médecins sans frontières (MSF) à Bandajuma, près de Bo (sud-est), avaient observé une grève de deux heures pour réclamer le paiement de primes de risque.

D’après le ministère de la Santé, les primes de risque des personnels de santé peuvent atteindre jusqu’à 500″000 leones (113 dollars).

Un médecin contaminé

Les autorités sierra-léonaises ont par ailleurs annoncé mardi qu’un médecin ayant contracté le virus a été admis au centre de traitement anti-Ebola de Hastings, à 20 km de Freetown. C’est le huitième médecin du pays contaminé par Ebola, les sept précédents sont tous décédés.

Lundi, l’ONU avait annoncé qu’un agent du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) infecté en Sierra Leone et qui avait été évacué en région parisienne pour y être soigné était guéri et avait regagné ce pays.

Le 2e pays le plus affecté par Ebola

Avec 1267 morts sur 6190 cas enregistrés au 18 novembre, la Sierra Leone est le deuxième pays le plus affecté par Ebola, après le Liberia (2963 morts sur 7082 cas). La Guinée, d’où est partie la flambée fin décembre 2013, compte 1.214 décès sur 2.047 cas et est le troisième pays le plus touché, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) arrêté au 18 novembre.

Au total, l’épidémie a fait 5459 morts sur 15’351 cas recensés dans huit pays, d’après l’OMS qui considère elle-même que ces chiffres sont sous-estimés.

(afp/Newsnet)