UKRAINE: Porochenko dissout le parlement et annonce des élections

Petro Porochenko a signé un décret de dissolution du parlement et annoncé la tenue d’élections législatives. «J’ai décidé de mettre fin prématurément à l’autorité du parlement», a écrit le président ukrainien sur son compte Twitter.

Selon la loi ukrainienne, des élections doivent être organisées dans les 60 jours qui suivent la publication du décret de dissolution. Le scrutin aura lieu le 26 octobre, a précisé un porte-parole de la présidence, Sviatoslav Tseholko.

Rebelles prorusses à l’offensive

Les rebelles prorusses étaient à l’offensive lundi au sud de leur bastion de Donetsk. Ils tentaient de regagner du terrain, à la veille d’une rencontre entre Petro Porochenko et le président russe Vladimir Poutine lors d’un sommet régional à Minsk.

Les deux chefs d’Etat se retrouvent mardi dans la capitale biélorusse pour un sommet consacré au traité d’association signé entre Kiev et Bruxelles. Seront également présents des dirigeants de l’Union européenne.

Si une rencontre entre les deux hommes n’est pas formellement prévue, Petro Porochenko a promis de «parler de paix» avec son homologue. Il espère le convaincre de retirer les combattants rebelles de l’est de l’Ukraine.

Le temps joue pour Moscou

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s’est, lui, contenté d’espérer que l’entrevue puisse «faciliter les échanges d’opinions» pour trouver une solution à la crise. Le porte-parole du Kremlin a indiqué que Moscou comptait notamment aborder les «questions humanitaires».

«Les deux chefs d’Etat sont prisonniers de leur opinion publique et ne peuvent faire de concessions substantielles. D’autant plus que le temps joue en faveur de Moscou, qui pourrait vouloir prolonger le conflit jusqu’à l’hiver», a mis en garde l’analyste Konstantin Kalatchev.

«Ces négociations ne sont pas une fiction. Tout le monde a réalisé subitement que la poursuite du conflit pouvait mener à une catastrophe de grande ampleur», a toutefois nuancé l’expert russe Fiodor Loukianov.

Des chars passent la frontière

La tension est remontée d’un cran au lendemain de la fête de l’indépendance ukrainienne. Les rebelles prorusses ont annoncé lundi mener une contre-offensive au sud de leur bastion de Donetsk. Cette manoeuvre semble destinée à prendre l’armée ukrainienne en tenaille.

Des journalistes de l’AFP ont constaté des colonnes de fumée s’élevant au-dessus de la campagne environnante. La petite ville d’Olenivka, violemment touchée par les bombardements il y a une semaine, semble l’un des enjeux de la bataille, selon les responsables insurgés.

«Intensification de l’action de l’ennemi»

L’état-major ukrainien a reconnu lundi une «intensification de l’action de l’ennemi», émettant l’hypothèse que les insurgés tentent d’ouvrir un nouveau front. Un porte-parole militaire, Andriï Lyssenko, a cependant assuré que les contre-attaques des rebelles avaient été repoussées, annonçant la perte de quatre soldats ukrainiens en 24 heures.

Kiev a par ailleurs dénoncé une «incursion» russe sur son territoire. Andriï Lyssenko a affirmé que les troupes gouvernementales avaient arrêté une colonne de «dix chars et deux véhicules blindés de transport de troupes» russes, arborant des drapeaux séparatistes, qui se dirigeait vers la ville côtière de Marioupol après avoir franchi la frontière depuis la Russie.

Sergueï Lavrov a démenti ces informations. «Je n’en ai pas entendu parler, mais la désinformation concernant notre ‘invasion’ n’est pas ce qui manque», a relevé le ministre.

L’Ukraine a dénoncé à plusieurs reprises des incursions sur son territoire par des unités militaires russes et le bombardement de ses forces à partir de la Russie. Kiev a aussi accusé Moscou de fournir armes et combattants aux insurgés prorusses, ce que le Kremlin a toujours démenti.

Nouveau convoi humanitaire

Moscou a par ailleurs placé Kiev devant la perspective d’une nouvelle démonstration de force, annonçant l’envoi cette semaine d’un deuxième convoi humanitaire.

Le président ukrainien s’est dit «vivement préoccupé» par cette annonce. Le président de l’OSCE Didier Burkhalter a demandé à Moscou de respecter les conditions de l’acheminement d’aide dans l’est de l’Ukraine. L’accord des autorités de Kiev et la coordination avec le CICR sont les conditions à l’envoi d’un second convoi russe.

(ats/Newsnet)