EBOLA: Des animaux à l’être humain, quels risques?

 

Quel rôle les animaux de compagnie peuvent-ils jouer dans la transmission d’Ebola? Réponse avec différents spécialistes

QUESTION: Les animaux de compagnie, chien ou chat, peuvent-ils transmettre le virus aux humains?

RÉPONSE: En l’état actuel des connaissances, «il n’y a aucune preuve scientifique que les animaux domestiques jouent un rôle actif dans la transmission de la maladie aux humains», a assuré le Dr Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Une affirmation confortée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains qui précisent de surcroît qu’aucun cas d’animal de compagnie (chien ou chat) malade n’a été répertorié.

L’euthanasie du chien de Madrid relève donc du «principe de précaution», selon l’OIE.

QUESTION: Quels soupçons pèsent sur les chiens?

RÉPONSE: Une étude publiée en 2005 a suggéré un risque théorique de transmission par des chiens en contact avec le virus pendant une épidémie au Gabon (2001-2002). Les chiens pourraient infecter les humains via leurs urines, matières fécales ou salive. Mais «ce ne sont que des hypothèses puisqu’il s’agissait d’une étude rétrospective», selon l’auteur principal de l’étude, Eric Leroy.

D’où, une «approche de précaution» qui était souhaitable selon le professeur Andrew Easton (Warwick University, Royaume-Uni).

QUESTION: Une occasion manquée?

RÉPONSE: Le cas du chien Excalibur était une occasion d’étude «unique», a déclaré Eric Leroy, directeur général du Centre international de recherches médicales de Franceville au Gabon. Il déplore l’euthanasie de l’animal.

«Un suivi virologique, biologique et médical aurait pu être mis en œuvre pour apporter un certain nombre d’informations majeures», selon ce chercheur qui réclame depuis des années des études complémentaires sur les chiens pour y voir clair.

«QUESTION: Et les autres animaux?»

RÉPONSE: Les vétérinaires délégués de l’OIE sur place en Afrique de l’Ouest gardent un œil «vigilant» sur les animaux domestiques dans les régions concernées par l’épidémie. Quant au rôle des cochons, qui partagent des caractéristiques communes avec les humains, dans l’épidémiologie d’Ebola, il reste «indéterminé», selon cet organisme international.

En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, ou d’autres singes, malades ou morts, ainsi qu’à partir d’antilopes des bois et de porcs-épics infectés.

L’infection peut en outre provenir de chauve-souris, qui passent pour être le «réservoir naturel» probable du virus Ebola. Le passage de l’animal souvent mort ou mourant (viande de brousse) à un habitant résidant le plus souvent près de la forêt, constitue le point de départ d’une épidémie. Elle se propage ensuite dans la population, faute de mesures de précautions, via les fluides corporels (essentiellement le sang, les matières fécales et les vomissures) des malades ou de leurs cadavres.

Plus de 22 millions de personnes vivent ainsi dans des régions d’Afrique où existe un risque de transmission du virus Ebola de l’animal à l’homme, via ces animaux locaux, selon une étude de chercheurs de l’Université d’Oxford. Ils ont décrit une nouvelle carte des risques en Afrique qui réunit une vingtaine de pays appelés à tenir compte de ce danger.

(afp/Newsnet)