ELECTION: Victoire surprise de Iohannis à la présidentielle roumaine

Klaus Iohannis est le premier membre de la minorité allemande de Roumanie à accéder à la présidence de ce pays à l’issue du 2e tour. Selon les premiers résultats partiels, qui portent sur un tiers des bureaux de vote, il a recueilli 55,8% des voix, contre 44,2% pour Victor Ponta.

Les premiers sondages à la sortie des urnes dimanche 16 novembre donnaient les deux candidats au coude à coude. «J’ai félicité M. Iohannis pour sa victoire. Le peuple a toujours raison», avait alors déclaré Victor Ponta, qui était pourtant donné grand favori de l’élection. «Le scrutin a été phénoménal, la participation a été énorme», avait lancé de son côté Klaus Iohannis depuis son siège de campagne.

«Chers Roumains, vous avez été fantastiques aujourd’hui. Nous avons observé une participation massive et je salue la diaspora», a déclaré le leader de la droite roumaine avant de rejoindre la foule dans le centre-ville de Bucarest. Il a assuré qu’il œuvrerait pour consolider l’Etat de droit et défendre l’indépendance de la justice.

Klaus Iohannis apparaît atypique sur la scène politique roumaine: ex-professeur de physique, mal à l’aise devant les caméras, il s’est tenu à l’écart des polémiques alors qu’il était accusé de ne pas être un «vrai Roumain» du fait de ses origines allemandes. L’actuel maire de Sibiu a réussi à faire de cette ville de Transylvanie un centre touristique.

Participation record

A la sortie des urnes, Klaus Iohannis était crédité d’une légère avance dans trois sondages (de 50,9 à 51,5%), tandis que le premier ministre de 42 ans menait dans deux autres sondages (50,7 à 50,9%). Les deux hommes arrivaient finalement à égalité dans un sixième sondage.

La surprise est d’autant plus grande que les sondages réalisés entre les deux tours donnaient Victor Ponta gagnant avec une avance de huit points. La mobilisation des jeunes aurait fait la différence, d’après les analystes.

«Je démens les rumeurs selon lesquelles je vais démissionner dans la mesure où aucun de mes collègues ne m’a demandé de le faire. Je n’ai pas de raisons de démissionner», a expliqué Victor Ponta après sa défaite.

Selon des chiffres préliminaires, le taux de participation s’est élevé à 61%, un record pour la Roumanie où la lassitude des électeurs face à la corruption et à la pauvreté n’a cessé de croître ces dernières années.

Diaspora écœurée

Les sondages sortis des urnes n’avaient pas encore pris en compte les voix des Roumains de la diaspora (trois millions de votants), lesquels penchaient plutôt en faveur de Klaus Iohannis.

Leur mobilisation a été particulièrement forte et des milliers de Roumains attendaient toujours de pouvoir voter dimanche en fin de soirée à Paris, Londres ou Turin. Ils fustigeaient le gouvernement en place pour avoir refusé d’ouvrir davantage de bureaux de vote.

A Paris, des dizaines de Roumains furieux ont tenté de forcer la porte de l’ambassade de leur pays. La police française les en a empêchés en faisant usage de gaz lacrymogène, selon des témoins et la police.

«Voleurs, voleurs», «On va gagner!», criaient quelque 1000 à 2000 Roumains massés sous la pluie devant l’ambassade, certains depuis dimanche matin, alors que le secteur était bouclé par des cars de police. «Non à la mafia communiste», proclamait une pancarte en carton brandie par un manifestant.

Solidarité à Bucarest

Au permier tour, Klaus Iohannis avait obtenu 46% des voix des expatriés, contre 15,8% seulement pour Victor Ponta. Des milliers d’expatriés n’avaient pas pu voter à cause du nombre insuffisant de bureaux de vote.

Dans plusieurs grandes villes du pays, dont Bucarest, des milliers de personnes se sont une nouvelle fois rassemblées pour exprimer leur solidarité avec les expatriés «humiliés» et «empêchés de voter».

«Nous descendons dans la rue pour pouvoir voter librement», ont en revanche indiqué les organisateurs du scrutin, rappelant qu’un millier de Roumains sont morts en 1989 pour obtenir ce droit lors du renversement du régime communiste.

Vote crucial

Ce scrutin était considéré comme crucial, à un moment où la démocratie a subi des revers dans d’autres pays d’Europe centrale comme la Hongrie, et où une certaine crainte a été exprimée d’une reprise en main de la justice par la majorité au pouvoir.

(afp/Newsnet)