Tambacounda : Naufrage dans la méditerranée, après Makacolibantan, Prés d’une vingtaine de morts signalés dans le département de Goudiry.

 

Le bilan du naufrage du navire qui transportait des candidats à l’émigration clandestine continue de livrer ses secrets. Après la commune de Makacolibantan qui en avait dénombré 13 morts, c’est autour du département de Goudiry de pleurer ses disparus. 17 de ses enfants sont engloutis dans les eaux. Et le point focal du conseil national de la jeunesse déplore la situation et  le fait que l’état n’arrive toujours pas à faire un bilan exact de la situation.

Le département de Goudiry a jusque là, enregistré le plus important nombre de disparus dans le naufrage du navire qui transportait des candidats à l’émigration clandestine. 17 morts, c’est le chiffre donné par les populations qui ont dit perdre toutes leurs progénitures dans les eaux méditerranéennes. Après Makacolibantan situé dans le département de Tambacounda et qui avait enregistré plus d’une dizaine de morts dans le naufrage, le département de Goudiry vient de battre le record des pertes en vies humaines dans ce même accident en mer, du moins pour l’instant car, jusque là, les autorités n’arrivent toujours pas à avancer des chiffres exacts. « Prés d’une vingtaine de personnes sont déclarées mortes (17 personnes pour être exact) sont recensées dans le Goudiry. Et, les localités les plus touchées sont, Kothiary, Séno, Touldéthiékoye, Goudiry centre, Aïnoumadi, entre autres », précise Ibrahima Traoré, président du conseil régional de la jeunesse de Tambacounda et point focal du Conseil National de la Jeunesse (CNJ), chargé des questions de migrations. Selon lui, « ces départs massifs vers l’Europe, traduisent un réel échec de la politique de l’emploi des autorités nationales. « Depuis la réapparition du phénomène de l’émigration clandestine, beaucoup de cas de morts sont notés dans la région de Tambacounda qui, à elle seule, a enregistré prés de 50 morts et cela ne semble même pas émouvoir les plus hautes autorités du pays », se désole-t-il. Pis, fulmine le point focal du CNJ, « l’état n’a jusque là pas encore donné un bilan de la situation, c’est ahurissant » ! Mr Traoré d’ajouter, « il est aujourd’hui plus qu’urgent pour que l’état trouve des programmes plus pertinents et mieux adaptés, et qui cadrent avec les vraies préoccupations des jeunes. Sinon, tout ce qu’il  tentera sera d’avance voué à l’échec. Les jeunes ont besoin d’être aidés et accompagnés et cela ne se fera qu’avec des programmes et projets qui cadrent avec leurs préoccupations. Et tant que cela ne se fera pas, rien ne pourra arrêter ce phénomène qui a déjà pris de l’ampleur ». La méditerranée a déjà suffisamment englouti de jeunes sénégalais, il est temps d’essayer de renverser la tendance en maintenant les jeunes au pays mais, en leur proposant des emplois capables de les motiver et de leur permettre de subvenir à leurs besoins les plus vitaux. Comme solution, Ibrahima Traoré propose déjà à ce que des Domaines Agricoles Communautaires (DAC) soient implantés dans les zones où un fort taux de jeunes partis à l’immigration est noté. « Ce sont ceux-là qui s’aventurent à braver la mer au péril de leur vie qu’il faut essayer de retenir d’abord avant quoi que ce soit », conseille le point focal du Cnj. Il poursuit furax, « à Tambacounda, il y a la terre, de l’eau donc, quoi de plus normal d’y ériger un DAC au profit  des jeunes ». L’Etat doit aujourd’hui trouver un plan d’urgence pour la région de Tambacounda qui reste la plus touchée par le phénomène.

Une vaste campagne de sensibilisation en vue.

Toujours dans l’optique de conscientiser les jeunes et dans la volonté du Conseil national des jeunes de maintenir ces derniers dans le pays, renseigne Ibrahima Traoré, « une vaste campagne de sensibilisation est en vue. Elle consistera à aller dans les zones les plus touchées et dans celles où un fort taux de départ des jeunes pour l’Europe est noté, pur discuter avec les populations mais aussi leur faire part de la situation qui prévaut actuellement. Aujourd’hui, beaucoup de familles n’ont plus de nouvelles de leurs enfants partis en Europe pour un hypothétique mieux être. Il est temps que les familles sachent que la solution ne réside pas seulement dans l’émigration. On peut bien rester chez soi et réussir » atteste Mr Traoré mais aussi il va falloir que l’accompagnement de l’Etat soit de plus en plus ressenti. Durant la campagne, il sera aussi fait cas des familles qui encouragent l’émigration de leurs fils dans des conditions quasi incertaines. « Les familles doivent arrêter d’encourager leurs fils à partir par la mer, dans des navires de fortunes où, ce ne sont même pas les passeurs qui leur font traverser la mer et, c’est ce qui est le plus souvent la source des naufrages notés. Les familles ont une part de responsabilité dans cette affaire car, dans la plupart des cas, ce sont elles qui vendent leurs biens pour permettre le voyage de leurs enfants. Il faut que cela cesse »,  prie Ibrahima Traoré.

Par Abdoulaye Fall/www.tambacounda.info/