Goudiry : marche des populations, « Tout va mal dans cette contrée du Boundou », vocifèrent-elles.

 

Les populations de Goudiry, jadis réputées très paisibles,  sont  sorties de leur mutisme, pour dénoncer un certain nombre de faits déplorables dont ils se disent être victimes. « Nous manquons de tout, ont-elles rugi visiblement très amères, avant d’ajouter que tout va mal dans cette contrée ».

A Goudiry, localité située dans la région de Tambacounda à quelques 120km de la capitale régionale, tout  est urgence, du moins selon les laborieuses populations de la contrée. La commune manquerait de tout, en termes d’infrastructures structurantes de base dignes de nom, comme un lycée ou encore un établissement public de santé et un équipement marchand.  La cherté du liquide précieux et le défectueux état  ou le déficit d’éclairage  public sont aussi pointés du doigt par les marcheurs qui ont ajouté à ce chapelet de doléances  le comportement du médecin chef du district. Tôt dans la matinée, les populations se sont regroupées au quartier Fergo, point de départ de la marche, pour sillonner les différentes rues de la ville, pancarte levées vers le ciel et sur lesquelles l’on pouvait lire : « Goudiry va mal », « Le m3 d’eau très cher », entre autres inscriptions. A en croire Mouhadji Diarra, un des initiateurs de la marche, « si nous sommes sortis aujourd’hui, c’est pour exiger de l’Etat une meilleure prise en compte de la situation de notre ville et du département de manière générale ». Depuis tout le temps, la localité a toujours été délaissée. Erigée en département, elle continue jusque là, à être ignorée par les autorités locales comme étatiques, le centre culturel n’a rien de culturel et n’attire même pas, le terrain de sport municipal laissé à la merci des animaux en divagation, faute de clôture, entre autres maux qu’a évoqué le jeune, très à bout de nerfs. « Compte tenu de tout cela et constatant que les autorités continuent de  faire la sourde oreille, nous avons décidé de sortir ce matin pour exiger une prise en compte sérieuse et rapide de nos doléances ». Zakaria Dia  lui, dénoncera l’absence de politique d’assainissement sérieuse dans la ville. « Rien n’est fait pour essayer de rendre la ville propre », déplore-t-il. En plus, continue-t-il, « avec le phénomène repris de l’émigration clandestine, les jeunes de la localité, prés d’une vingtaine  ont péri dans les eaux méditerranéennes, sans qu’aucune voix ne daigne se lever pour en parler. Il n’y a que les européens ou autres américains qui s’y prononcent, pendant qu’ils n’y ont aucune perte en vie humaine.  Cela montre encore combien la politique de l’emploi a échoué, et combien nos autorités manquent de considération à l’endroit des populations. Depuis l’érection de la localité en département, aucune inauguration d’une quelconque infrastructure n’y a été faite. Tous les services de l’Etat sont dans des maisons conventionnées souvent dans de tristes états et cela n’honore pas la puissance publique. Elle doit y construire des édifices, pour donner à la ville un charme et de l’attirance ».

Différend préfet/maire décrié

Sur le différend entre le préfet et le maire, les populations demandent l’intervention des autorités car, estiment-elles, « cette situation ne fait que retarder la ville et les populations. Depuis un certain temps, les deux autorités ne parlent plus le même langage et ne se piffent plus. Récemment, le budget municipal a été rejeté pour une seconde fois par le préfet pour des manquements et pourtant, certains proches du maire parlent d’acharnement. Il faut que cela cesse et que le climat redevienne normal entre les deux, au profit des administrés ».

Le départ du médecin chef du district exigé.

La goutte qui a fait débordé le vase reste l’attitude du médecin chef qui aurait trainé un des leurs en justice pour, disent-ils, injures publiques et menaces de mort. Selon les populations, le mis en cause n’a exigé qu’un droit, celui d’être consulté. Ce dernier était venu avec sa femme malade mais, avait vu les  toubibs négliger sa dame. Furieux, il avait exigé aux médecins de consulter sa femme et était même allé se plaindre chez le préfet. C’est après cela qu’il s’est vu arrêté par la gendarmerie et déféré devant le parquet puis jugé et condamné à une peine avec sursis. Furieuses, les populations l’ont soutenu et exigent aujourd’hui le départ du médecin. Zakaria Diaw de marteler devant le préfet, « nous vous écoutons et reviendront à la fin du mois de mai. Si rien n’est fait entre temps, nous passons à la vite supérieure » menace-t-il.

Abdoulaye FALL/www.tambacounda.info/