Bakel : accès aux financements et aux services sociaux de base, les femmes du département toujours à la traîne.

S’il y a des femmes dans le pays à soutenir et à aider pour accéder aux financements et aux services sociaux de base, c’est bien sûr celles de Bakel. Dans cette contrée du Gadjaga, les femmes vivent presque comme au moyen âge. Elles sont dépourvues de tout. Les structures sociales de base y manquent, l’accès à la terre y est un réel problème, les financements donnés dans le pays à leurs consœurs des autres localités ne leur parviennent qu’à travers les médias. Seuls quelques matériels d’allégement de leurs durs et laborieux travaux leur ont été offerts, rien de plus. Ce qui fait dire à Ndèye Bâ, conseillère départementale que la situation des femmes dans le Gadjaga mérite encore d’être reconsidérée.

Les femmes de Bakel broient du noir. L’expression n’est pas trop forte comparée aux difficultés de tous ordres dont elles font face quotidiennement. Ici, pratiquement rien n’a été fait pour leur promotion. Le statut conféré à la femme qui, pour beaucoup, ne doit rester qu’au foyer, constitue un réel blocage pour son épanouissement. Malgré les nombreuses contraintes dont elles font face, le manque d’aide et d’appui de la part des pouvoirs publics est venu endiguer la situation au moment où, dans d’autres localités du pays, c’est ce qui a permis aux femmes de sortir de l’ornière de la pauvreté. Là, dans le Gadjaga, leur calvaire est devenu une indescriptible galère. Les femmes ont un problème de fonctionnement dans les structures, d’où la nécessité de les former pour pouvoir jouer leur participation dans le développement du pays. Concernant les services sociaux de base, plus de 50% d’entre elles n’en bénéficient pas. « 53,6% des femmes à Bakel ne bénéficient pas des services sociaux de base », précise le chef de service départemental du développement communautaire, Mme Anta Diouf Seck. Elle continue en soutenant que les femmes sont aussi victimes des violences conjugales et sexuelles. « Il ne se passe pas trop de temps sans que ces cas ne soient signalés dans le département ». En plus ajoute-elle, « l’excision constitue aussi un autre problème. Les gens sont fortement encrés dans cette tradition qui peine à être bannie ». Le manque de financement et l’accès à la terre sont venus se greffer aux autres difficultés », renchérit, Ndèye Bâ. « Nous ne recevons pas de financement de la part de l’état comme cela se fait dans les autres localités du pays », se désole l’élue locale. D’où son appel à beaucoup plus de considération aux femmes de son département. « Nous sommes des sénégalaises et devons être traitées comme tout le monde », souhaite Ndèye Bâ, rongée par les durs travaux quotidiens. Pour ce qui est de l’accès des femmes dans les instances de décision, elles y parviennent mais ne sont point directement impliquées au moment de les y inviter », regrette-t-elle. Cela, à son avis, est dû à un manque de formation et de sensibilisation de cette couche. « Il faut qu’elles soient formées et imprégnées de leurs rôles et responsabilités dans la gestion de la chose publique afin de pouvoir assumer leurs droits et devoirs en toute circonstance ». Mme Anta Diouf Seck reviendra pour dire que l’Etat et ses démembrements que sont les collectivités locales, doivent développer des programmes de renforcement de capacités des femmes, en rapport avec son service et tous les partenaires qui s’activent dans la promotion de cette couche. C’est selon elle, le seul moyen, de développer un tissu associatif fort et durable qui pourra contribuer à l’épanouissement des femmes de la localité.

 

Par Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /