Deux suissesses étudiantes en céramique à Tambacounda: Deborah Conus et Nina Bernadino fascinées par la poterie locale

Les deux étudiantes suisses en céramique qui terminent leur dernière année de formation à Vevey (en Suisse) avec un stage au Sénégal dans la région de Tambacounda se sont dites impressionnées par les techniques de fabrication africaines en matière de poterie et surtout par la cuisson qui se fait de manière artisanale. Grâce au Collectif Artistes Plasticiens (CAP), association fondée en 2000 par le tambacoundois Ousmane DIA qui réside à Genève, ces deux étudiantes ont eu l’opportunité de venir à Tambacounda pour expérimenter d’autres pratiques.

Dans cet entretien qu’elles ont accordé au site www.tambacounda.info, elles sont revenues sur les manières de faire, le modelage des objets réalisés de même que sur certaines difficultés rencontrées.

Vous êtes des étudiantes suisses en stage au Sénégal, Pourquoi le choix de Tambacounda ?

L’opportunité nous a été offerte par le Collectif Artistes Plasticiens, une association fondée M. Ousmane DIA qui est originaire de Tambacounda. Nous avons saisi cette possibilité pour pouvoir venir expérimenter les techniques africaines en matière de poterie. Pour ce qui est de la cuisson et du modelage, nous n’avons pas les mêmes techniques. En plus les terres sont différentes. Il s’agit en outre de faire un dépaysement dans la céramique, raison du choix de Tambacounda pour notre stage.

Quelle différence notez-vous entre les fabrications de chez vous et d’ici ?

En Suisse, on commande la terre pour pouvoir s’en procurer alors qu’ici, c’est nous même qui allons la chercher, avec tous les accessoires dont les bouts de bois, les pierres, entre autres.

La grande différence résulte dans la cuisson des objets réalisés. En suisse, c’est dans des fours électriques que cela se fait, avec des températures dépassant parfois les mille degrés. Ici à Tambacounda, elle se fait à même le sol, ce qui fait que les températures sont totalement différentes. A même le sol la température ne peut certainement pas dépasser les 700 degrés. L’avantage c’est qu’avec la cuisson faite dans les fours électriques, on peut mieux contrôler la cuisson avec moins de risque car, la température est mieux gérée, contrairement à la cuisson faite à même le sol.

Quels sont vos attentes à la fin du stage ?

Nous essayerons de répéter tout ce que nous avons appris durant le stage avec une potière Tambacoundoise, une fois de retour en suisse, même si cela posera quelques difficultés. La terre à Tambacounda est très modelable mais on y ajoute du crottin de cheval pour la rendre beaucoup plus résistante. Ce qui nous a encore fascinées c’est qu’ici, tout est recyclable. Tous les objets cassés ou détériorés sont repris et recyclés par la potière, et cela n’existe pas chez nous. Rien ne se perd ici alors qu’en Suisse, nous faisons moins attention à cela. Le recyclage est assez difficile mais c’est une bonne chose. Il y a une différence dans les manières de faire et nous apprécions toute la simplicité de la poterie africaine, particulièrement celle de Tambacounda, avec des décors que nous ne trouvons pas chez nous.

Quels sont les objets que vous avez eu à réaliser avec la terre ?

Des « And Thiouraay » ou encensoirs, nous en avons faits, des canaris et beaucoup d’autres objets ont été réalisés. La potière nous montrait comment les fabriquer et après il nous revenait de pratiquer à notre tour.

Comptez-vous en amener après le stage ?

Rires ! Inchallah, nous amènerons quelques objets en Suisse, histoire de montrer à nos autres camarades, ce que nous avons eu à réaliser par nos propres mains.

Quels sont les atouts tirés de ce stage ?

Beaucoup ! Ce stage nous a permis d’apprendre des techniques que nous nous ne connaissions pas. Ça d’abord c’est un atout et c’est très riche. La manière de modeler apprise ici est extraordinaire. Une fois en suisse, nous allons l’expérimenter avec la terre locale pour voir ce que cela va donner.

Avez-vous noté des difficultés durant le stage ?

Des difficultés, il n’y en avait presque pas sinon que les pluies ont par moments perturbé le séchage des objets réalisés et interrompu certaines séances avec la potière.

Comment vous trouvez la potière, votre professeur en poterie ?

(Rires) Très sympathique et tés joviale. Vraiment rien à dire. Elle a été très accueillante et très ouverte. C’est du plaisir qu’on ressent à travailler avec elle.

C’est votre premier voyage en Afrique ?

Oui !

Comment vous trouvez le Sénégal?

Accueillant. On a fait une pause à Dakar, on a séjourné à Tambacounda qui est une belle ville et très accueillante. On a aussi été à Kédougou, à Dindéfélo. Les chutes sont superbes et très fantastiques. Pour ce qui du climat, nous avons beaucoup transpiré. Mais, nous nous sommes vite acclimatées et c’était l’essentiel. En Suisse, il fait des températures pareilles peut-être une fois par an.

Entretien réalisé par Abdoulaye FALL pour votre portail www.tambacounda.info /